17 mai 2019

Nationale

Règlementation technique

RE 2020 - Les enjeux de la construction neuve

Le gouvernement travaille à la rédaction de la future réglementation environnementale des bâtiments neufs, ou « RE 2020 », dans une concertation bienvenue avec les professionnels[1]. Cette RE 2020 marque une rupture conceptuelle : elle ne vise plus seulement l’amélioration de la performance énergétique, comme la précédente réglementation de 2012, mais aussi la réduction de l’impact carbone des bâtiments.

« La RE 2020 est un champ potentiel d'actions extrêmement important par la remise en question de notre impact carbone tant en technique de construction que sur le choix des produits. Mais, aujourd'hui, force est de constater, qu'à ce stade, elle pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses, notamment sur les marges d'incertitude encore très élevées des impacts carbone au niveau du bâtiment et des équipements, de la capacité des filières à produire les produits les mieux adaptés et à faire basculer des milliers de logements dans de nouveaux modes constructifs. L'enjeu est aussi de traduire nos analyses de cycle de vie standardisées sur une durée de 50 ans en impact immédiat de notre action sur le climat et d'intégrer les nouvelles attentes de confort comme la demande de rafraîchissement. Nous sommes dans un stade de questionnement extrêmement positif et il serait peut-être judicieux de nous laisser le temps de rentrer dans une courbe d'apprentissage continu, pendant un an ou deux, avant de fixer des seuils qui auront des conséquences très fortes sur les choix constructifs et énergétiques. Il faut, enfin, un portage politique beaucoup plus large et s'interroger sur la cohérence de la RE 2020 avec la massification de la rénovation énergétique dans l'ancien de manière à être sur une même trajectoire de stratégie bas carbone. »

 

Sur l’ensemble du cycle de vie, les émissions carbone sont provoquées par :

  • la construction (impacts des matériaux et produits)
  • la mise en œuvre (phase chantier)
  • l’exploitation : consommation d’énergie et entretien du bâtiment
  • La fin de vie (démolition/ déconstruction/rénovation)

 

La méthode utilisée pour évaluer les émissions carbone est basée sur l’Analyse du cycle de vie des produits et matériaux sur 50 ans. Cette méthode est pertinente pour comparer de multiples solutions pour un même bâtiment mais les résultats doivent être replacé en fonction de l’année d’émission afin de mesurer correctement l’impact carbone annuel et d’isoler les incertitudes liées aux hypothèses prises sur le futur ( surtout dans le cas actuel d’une durée de vie standardisée de 50 ans)

 

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[1] http://www.batiment-energiecarbone.fr/detail-des-groupes-de-concertation-a100.html

 

L’exploitation des premières expériences menées dans le cadre du Label E+C- a montré pour les immeubles de bureaux les ordres de grandeurs suivants :

Total des émissions sur l’ensemble du cycle de vie sur 50 ans par m2 de surface de plancher (chiffres sur 38 bâtiments de l’observatoire OBEC)

  • Produits de construction              10001500  kg eq CO2/m²                           80 %
  • Energie                                                 200300  kg eq CO2/m²                           18 %
  • Eau                                                             1050  kg eq CO2/m²                             1 %
  • Chantier                                                    1030  kg eq CO2/m²                              1%

 

Il ressort donc de ces premiers résultats que les produits de construction représentent l’essentiel des émissions carbone. Toutefois, la répartition entre les phases construction exploitation et déconstruction n’est pas encore disponible, mais Il est certain que la phase construction est prépondérante. Elle est de plus celle qui conduit à des émissions carbone à très court terme et les plus certaines.

De plus les émissions en phase entretien en exploitation et en fin de vie ont un coefficient d’incertitude supérieure liée aux incertitudes de l’obsolescence du bâtiment. Ce poste est celui qui représente donc le plus grand potentiel de réduction des émissions carbone à court terme.             

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Frank Hovorka 
Directeur Technique et Innovation FPI FRANCE
f.hovorka@fpifrance.fr