Logement : L’Etat doit assumer ses responsabilités !
Le contexte actuel reste paradoxal : les candidats à l’élection présidentielle restent muets sur la question du logement alors que la presse, presque chaque jour, met en évidence les dysfonctionnements auxquels sont confrontés les Français et les solutions, parfois baroques, qui sont avancées pour y répondre.
Deux prises de parole récentes d’élus locaux ont particulièrement attiré mon attention. La première reste dans la lignée de ce que l’on connait déjà et contre lequel nous nous battons : le refus des maires, poussés par leurs concitoyens, de construire des logements. Un élu local, en Ile-de-France, le dit sans détour dans Le Figaro du 15 janvier dernier : « Nous avons été élus pour ralentir la production [de logements] ».
Cette déclaration est à rapprocher des débats qui agitent une autre région de France, la Bretagne, où associations, syndicats et organisations politiques veulent instaurer un statut de résident : « Il faudrait avoir vécu une année sur le territoire en location avant de pouvoir acheter dans les zones tendues ».
Après avoir organisé la pénurie, parfois encouragés par leurs électeurs, nos élus locaux en sont à privilégier l’entre-soi. Un tel constat ne peut que me conforter dans l’analyse que j’ai eu l’occasion de présenter dans mon édito de la semaine dernière. Une passion triste a véritablement atteint nos élus qui tournent le dos au développement et à la croissance de leur territoire et privilégient le repli sur soi.
Le Conseil Economique, social et environnemental (CESE) le montre, dans son dernier avis du 12 janvier dernier. Il milite pour que « l’offre de logement à prix accessible et à proximité des lieux de travail [soit] développée », l’absence de logement alimentant les difficultés de recrutement dans certains métiers. Les exemples cités plus haut montrent que c’est tout le contraire qui se produit.
Je reste persuadé que la carence de logements résultant de l’attitude de certains élus locaux fait perdre et fera perdre encore plus de croissance à la France.
Que faire pour changer cet état de fait ?
Que faire pour gagner cette bataille culturelle, pour reprendre les termes d’Emmanuelle Wargon, ministre en charge du logement ?
Se féliciter, comme le fait le ministère du Logement, de la conclusion de chartes signées entre les collectivités locales – volontaires – et les promoteurs – contraints par ce sésame pour travailler sur certains territoires – ?
Ce n’est pas la solution, ces chartes étant trop souvent fondées sur une vision caricaturale des promoteurs et imposant certains diktats antiéconomiques, à l’instar du plafonnement des prix de sortie.
Au contraire. Il est maintenant de la responsabilité de l’Etat non pas de favoriser les chartes en les cautionnant mais au contraire de sonner la fin de la récréation.
Montesquieu disait que « les lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires ». Si l’Etat veut jouer pleinement son rôle et que les lois qu’il édicte, qui sont déjà très exigeantes, soient comprises et appliquées avec discernement, il lui appartient de mettre un terme à cette suractivité normative en édictant une règle très simple (la dernière ?) : toute norme locale plus exigeante que les normes nationales doit faire l’objet d’une compensation financière afin d’être légitime.
Pascal Boulanger, Président FPI France