Le plan de relance, de la déception à l’optimisme ?
Pour l’immobilier neuf, le plan de relance annoncé hier marque une rupture. Historiquement, la construction avait toujours fait partie des outils de la relance : en 2008, par exemple, nul n’imaginait renouer avec la croissance sans soutenir l’accession à la propriété, l’investissement locatif ou le logement social. Le Scellier est né comme ça, de même que le PTZ dans son architecture actuelle.
En 2020, les choses ont clairement changé. Le plan met d’abord l’accent sur la rénovation, avec 6,5 Md€ de dépenses (dont 2,5 Md€ pour le logement), contre 650 M€ pour la construction neuve, soit dix fois moins). Ce n’est pas une surprise, car la rénovation est peu à peu devenue la priorité de la politique du logement. Ce n’est pas inutile non plus, pour des raisons environnementales et économiques, mais ça ne fait pas un logement de plus.
Ce plan prévoit bien deux mesures pour le neuf : une aide aux maires « densificateurs » (350 M€ sur deux ans), que la FPI demandait de longue date, et un fonds pour les friches (300 M€). Elles sont bienvenues, mais le détail de ces mesures montre qu’elles n’auront pas d’effet à court terme, alors que la crise est bien là (entre le T2 2019 et le T2 2020, nous avons mis sur le marché moitié moins de logements). Ce n’est par exemple qu’au printemps prochain que les maires connaîtront les caractéristiques de l’aide à la densité, soit plus d’un an après le début de la crise. En outre, la dernière fois que l’Etat a mis en œuvre une aide aux maires bâtisseurs, certaines communes n’avaient touché que … 132 euros. Elles se souviennent de cette générosité toute relative !
Il y a donc urgence, et il n’est pas trop tard pour agir si l’Etat veut relancer rapidement le secteur, ce qui passe avant tout par la délivrance de permis. Pour cela, la FPI met en avant deux priorités dans ses échanges avec le Gouvernement et le Parlement :
- L’expression d’une volonté et d’une ambition politiques : rien n’incite aujourd’hui les Maires à délivrer des permis (« verdissement » des majorités, pertes de recettes fiscales, etc.). L’aide est donc bienvenue, mais elle ne suffira pas : il faut aussi que l’Etat soit proactif et volontaire, (par exemple, en diminuant les délais d’instruction des PC ou en mobilisant les préfets) mais aussi en accompagnant les communes (par exemple, en digitalisant les procédures d’urbanisme). Si l’Etat veut des PC, il faut qu’il l’affiche dans le cadre de ce plan de relance.
- La prolongation du Pinel et du PTZ : ces deux outils ont mauvaise presse au sein de l’Etat, parce qu’ils sont considérés comme des soutiens de la demande donc inutiles au moment où les ménages ont l’épargne nécessaire pour investir. En réalité, nous croyons que ce sont des soutiens essentiels de l’offre : si les promoteurs savent qu’ils pourront vendre en Pinel en 2022, ils déposeront des demandes de PC dès 2020 ! Nous demandons donc un « boost » immédiat du Pinel et une prolongation au-delà de 2021, sans lesquels peu de chantiers fonctionneront dans les prochains mois.
Il faut rester optimistes et combatifs car dans sa communication d’accompagnement du plan de relance, le Gouvernement a entrouvert des portes : des simplifications dans le cadre du projet de loi « ASAP », en cours d’examen au Parlement, et l’ouverture du débat sur le Pinel et le PTZ dans le cadre de l’examen du budget 2021. C’est donc maintenant que notre mobilisation doit s’exprimer : la FPI sera évidemment au rendez-vous !