Le maire et le promoteur
"Chacun de nous le ressent, partout sur le territoire : les maires ont nettement ralenti la délivrance des PC. En deux ans, nous avons perdu, en rythme annuel, plus de 40 000 PC pour des logements collectifs. Nous manquons de logements à vendre, nos équipes s’interrogent, nos trésoreries souffrent et c’est d’autant plus un crève-cœur que la demande est bien là, comme le montrent les chiffres de notre Observatoire du logement neuf du T3 2019 publiés cette semaine.
Nous avons la tentation de blâmer les maires pour ce gâchis, mais mettons-nous un instant à leur place. Nous sortons de plusieurs années où la production de logements a atteint des niveaux très élevés (il suffit de voir le nombre de programmes sortis de terre dans les grandes agglomérations pour s’en convaincre), nombre d’élus peuvent donc se dire qu’ils ont « fait le travail ». Certains parlent d’une pause pour combler le retard dans la réalisation des équipements publics nécessaires aux nouveaux habitants ; d’autres considèrent qu’ils ont déjà beaucoup de sujets de tension sociale à régler pour ne pas en ajouter d’autres avec des chantiers et des grues ; d’autres aussi se préoccupent de l’équilibre avec la France plus périphérique, celle des villes moyennes, de « l’hinterland » des métropoles, qui ne demande qu’à faire venir des habitants qu’eux-mêmes peinent à accueillir.
Le prochain mandat municipal, 2020-2026, risque donc d’être moins favorable à la construction neuve dans nos principaux marchés, et les nouveaux PLU des métropoles, qui dédensifient (à Rennes, à Marseille etc.) le montrent bien. Dans ce contexte, quel peut-être le discours de la FPI vis-à-vis des maires ? Assurément pas un discours agressif, parce que nous sommes dans une relation d’interdépendance qui milite plutôt pour le partenariat ; ni un discours lénifiant, parce que nous avons un métier à défendre ; plutôt un discours équilibré, qui rappelle aux maires leurs responsabilités (il faut continuer à construire et à densifier pour répondre aux besoins des ménages) mais qui cherche aussi des réponses à leurs contraintes (budgétaires, en particulier). Nous devons nous positionner aussi comme des apporteurs de solutions, via des activités nouvelles – la rénovation, la surélévation, le réaménagement du tissu existant etc.
A cet égard, nous nous retrouvons assez bien dans le rapport Lagleize (lire notre communiqué "Rapport Lagleize sur le foncier : des réponses ambitieuses aux besoins de logements, une vigilance nécessaire dans la mise en œuvre"), qui propose de mobiliser les élus sur des objectifs de construction et de densité, tout en leur donnant des outils pour agir et de nouvelles ressources budgétaires.
A nous de mettre de la qualité dans nos programmes, en montrant que nous savons faire, collectivement, une ville agréable à vivre, désirable, saine, connectée, dans laquelle l’humain reste au coeur. Les élus locaux manquent souvent d’arguments pour défendre l’urbanité et la nécessité de continuer de construire. A nous de les leur donner, par l’excellence de nos opérations.