La réversibilité des bâtiments au cœur de la ville de demain

D’ici 2050, 70% de la population mondiale sera urbaine. Cela induit une nécessaire mutation des villes dans leur conception intelligente et durable. Au-delà des programmes de reconversion, les acteurs de l’immobilier se penchent depuis plusieurs années sur la notion de « réversibilité ».

Phénomène de fond auquel on ne pourra échapper, la réversibilité des immeubles consiste à anticiper la programmation d’un bâtiment neuf, en vue de changement(s) de sa destination (bureaux vers logements et inversement) au fil du temps, grâce à d’infimes rectifications. En France, la mise en œuvre de tels immeubles a déjà commencé, comme le démontre le projet Black Swans sur la presqu’île Malraux à Strasbourg (28 000 m² dans trois tours identiques et un programme mixte réversible) ou à Lyon, dans le quartier Confluence, deux bâtiments de bureaux réversibles doivent être livrés fin 2020.

Outre le bouillonnement de projets en réversibilité, le passage au déploiement massif de ce nouveau types de constructions soulève des interrogations sur la notion centrale de la destination du bâti, ainsi que des enjeux d’ordre assurantiels, juridiques et règlementaires. Les questions de mutabilité des espaces, du foncier et des droits à construire doivent être considérées dès la conception. Cela appelle à un changement règlementaire profond touchant aux domaines de la construction et de l’urbanisation, et par extension de l’assurance. Quid du régime des responsabilités des intervenants du secteur (art. 1792 et suivants Code Civil), de la garantie décennale, du permis de construire initialement prévu pour un usage défini ? etc.

Les assureurs se sont déjà emparés du sujet pour tenter de trouver des réponses adaptées comme le démontre le « Bastion de Bercy », ce centre d’hébergement d’urgence dans le XIIe arrondissement de Paris permettant d’accueillir 300 personnes, mis en place pour 7 ans porté par Pitch Promotion.

Lara Le Peru

Directrice Générale Associée de Chevreuse Courtage