Concilier construction et transition écologique
Le Gouvernement a récemment sollicité la FPI, avec d’autres fédérations professionnelles, pour faire des propositions de simplifications qui complètent le plan de relance. Nous allons naturellement faire passer nos idées, mais nous avons insisté sur le fait que, pour relancer la construction, il était aussi possible d’être efficace dès aujourd’hui, sans même changer les textes.
Comment ? C’est très simple : en affirmant clairement et à haut niveau la volonté du Gouvernement de voir la construction contribuer à la relance. En effet, j’ai la conviction que la parole de l’Etat reste entendue dans les territoires, et que lorsqu’il affiche un objectif politique, les acteurs savent se mobiliser. Un exemple ? Le ZAN (zéro artificialisation nette). Voilà un principe qui n’a aucune traduction juridique pour le moment, mais qui a commencé à innerver beaucoup de pratiques locales : les préfets sont mobilisés pour y veiller, les élus s’en emparent, les EPF et les aménageurs se repositionnent etc. Tout cela parce que d’un principe technique, on a fait une ambition politique.
Pourquoi ne pas faire la même chose avec la construction ? Cela permettrait de sortir d’une ambiguïté dans laquelle nous vivons depuis plusieurs années. Sans renoncer officiellement à l’ambition de rester le pays le plus bâtisseur d’Europe, l’Etat parle beaucoup plus de rénovation que de construction, il consacre 10 fois plus de ressources à la première qu’à la seconde dans son plan de relance, il retient comme hypothèse de sa stratégie bas carbone 2050 un besoin de logements neufs divisé par 2 etc. Dans un pays où ce sont les élus qui décident de faire ou de ne pas faire du logement, ce message implicite n’est certainement pas étranger à la forte baisse des permis à laquelle nous assistons avec inquiétude.
De moins en moins de décideurs publics tiennent le discours volontariste qui portait notre secteur par le passé, avec l’ambition de répondre aux besoins et aux aspirations de nos concitoyens. Le risque, si rien ne vient inverser cette tendance insidieuse, c’est de retomber dans les travers des années 80, quand on construisait moins de 100 000 logements collectifs par an, publics et privés confondus, avec les résultats qu’on connaît en termes d’accès au logement.
Continuer à produire du logement social et privé dans notre pays est indispensable pour permettre épanouissement et paix sociale, a fortiori dans un contexte de mutation profonde. Bien sûr, il ne s’agira pas de construire pour construire et nous devons nous adapter rapidement à la révolution verte qui s’est accélérée avec la crise sanitaire. C’est d’ailleurs le sens que nous avons voulu donner à la campagne de communication de la FPI à destination des élus.
Personne ne le nie mais la tâche est complexe pour la filière qui emploie plus d’un million de salariés (dont plus de 30 000 pour la seule promotion) et loge chaque année plus de 400 000 ménages. Les promoteurs doivent dépolluer, biosourcer, recycler, renaturer…le tout en faisant baisser les prix … Le secteur sait donc qu’il doit faire évoluer le modèle économique tout en continuant de répondre au besoin.
C’est dans ce contexte qu’il faut apprécier l’annonce par l’Etat, en complément de son plan de relance, d’une prolongation et d’une "amélioration » du Pinel et du PTZ" : ce sont de très bons signaux en faveur du logement neuf, qui mobilisent des outils en même temps qu’ils affichent une volonté. Continuons de nous mobiliser pour que les maires captent ces signaux et s’approprient cette ambition .