Atelier Versigny
COFFIM
Prix de la rénovation-extension-réhabilitation - Banque Populaire
Conçu par l’agence PCA-Stream, Philippe Chiambaretta Architectes, le projet vise à réunifier trois bâtiments de bureaux autour d’un hub central, véritable cœur de vie du site. Ce hub, pensé comme une place de rencontre, assure la jonction entre les différents volumes, fluidifie les circulations et renforce les échanges entre collaborateurs et visiteurs. Le site accueille des bureaux, un centre de conférences, des locaux de représentation et des espaces événementiels, complétés par un auditorium, un grand atrium de réception, des salons de prestige dans l’hôtel particulier et un vaste hub en infrastructure largement éclairé par un patio végétalisé.
L’opération se déploie sur un terrain de 6 429 m², pour une surface de plancher de 19 481 m² et environ 2 900 m² d’espaces verts. Les bâtiments, élevés jusqu’à R+8, reposent sur des structures existantes de nature différente : construction traditionnelle en pierre pour l’hôtel particulier, structure métallique des années 1950 pour le 6 rue Rabelais, structure béton pour les extensions dites « du Figaro ». Le projet s’appuie sur le maintien et le réemploi de ces structures, complété par des extensions en béton bas carbone.
Chaque immeuble fait l’objet d’une intervention spécifique. Au 6 rue Rabelais, la structure métallique est entièrement mise à nue, les plateaux des niveaux inférieurs sont étendus et une nouvelle façade en mur rideau mixte bois-aluminium est créée. Une cage d’escalier centrale en premier jour, avec un escalier monumental décoratif, devient la colonne vertébrale de l’immeuble. Un working café largement ouvert sur le jardin est aménagé en rez-de-chaussée, la toiture en zinc est refaite et l’ensemble des équipements techniques est remplacé.
Au 23 avenue Matignon, un vaste hall principal commun à tout le site est créé. Il intègre un escalier monumental d’accès au hub, une nouvelle cage d’escalier et un noyau ascenseurs pour distribuer les étages, tandis que les bureaux sont entièrement restructurés pour s’adapter aux nouveaux modes de travail hybrides.
Au 25 avenue Matignon, la façade en verre agrafé conçue par Ricardo Bofill est restaurée pour réduire l’empreinte carbone liée à la production de verre et de métal. La verrière de l’atrium est rénovée, des circulations verticales sont créées en liaison avec l’atrium, des plateaux passerelles sont construits, un escalier monumental relie l’atrium au hub, les façades intérieures sur l’atrium sont remplacées par des façades blocs écrans largement vitrées et un auditorium est aménagé en infrastructure. L’hôtel particulier de la Vaupalière bénéficie de travaux de rénovation de décors et de l’intégration d’équipements techniques neufs.
La densification du site s’inscrit dans un cadre réglementaire contraint, notamment par les règles de la Ville de Paris et du PLU sur les surfaces de bureaux. Une recherche de plus de deux ans a permis d’identifier des surfaces de bureaux transformables en logements dans le 8ᵉ arrondissement. Cette opération a servi de base à une procédure de compensation, avec rachat de commercialité, permettant de lever les contraintes de la règle SPE/SPH du PLU et d’autoriser une extension de plus de 700 m² de bureaux sur l’immeuble Rabelais, réalisée en béton bas carbone et façade mur rideau mixte.
Le grand jardin central, classé Espace vert protégé au PLU de Paris, est au cœur du projet. Un concours de conception paysagère a conduit à la sélection de l’agence Coloco, accompagnée d’un écologue. L’objectif est de renforcer le corridor de biodiversité constitué par les jardins le long de la Seine, du palais de l’Élysée et des ambassades du faubourg Saint-Honoré, et qui sera conforté par la renaturalisation de la place de la Concorde. La renaturation du jardin est pensée comme un écosystème urbain avec des cortèges floristiques et faunistiques adaptés aux substrats et aux expositions. Le choix se porte sur des espèces endémiques, résistantes aux évolutions climatiques.
La densification végétale est renforcée en fond de parcelle, tout en conservant le tracé à la française du jardin historique. Des refuges pour insectes et oiseaux sont installés, un bassin de rétention des eaux pluviales est créé pour diversifier les habitats et les toitures terrasses sont traitées en végétation semi-intensive. Le jardin central est prolongé par l’aménagement paysager de la terrasse rooftop et des terrasses sur rue. Côté jardin, la façade est traitée en falaise végétalisée grâce à de grands bacs plantés sur les balcons à tous les niveaux. L’opération vise l’obtention du label Biodiversity.
La réduction de l’empreinte carbone du siège AXA constitue un axe structurant. La stratégie privilégie la conservation des structures existantes, l’amélioration du profil bioclimatique des bâtiments et le recours aux énergies renouvelables et de récupération. Le mix énergétique combine géothermie par thermo frigo pompe sur nappe phréatique, réseau de chauffage urbain CPCU et réseau de froid urbain Fraicheur de Paris. Les façades sont renforcées, les ponts thermiques traités et les vitrages à haute performance déployés, tout en respectant les exigences patrimoniales. L’objectif est de s’inscrire dans une trajectoire de neutralité carbone à l’horizon 2050, avec un temps de retour carbone estimé à une dizaine d’années entre les émissions de construction et les gains en exploitation.
Une démarche d’économie circulaire est menée sur la base d’un diagnostic ressources. Le projet intègre le réemploi de matériaux, l’utilisation de produits biosourcés et de matériaux à faible impact carbone : moquettes issues du recyclage, peintures d’origine végétale à base d’algues, façade neuve bois-aluminium, recyclage du béton démoli comme intrant pour les bétons neufs, utilisation de bétons bas carbone pour les extensions.
La maîtrise des process de construction dans un environnement urbain dense représente un enjeu majeur. Les reprises structurelles sont nombreuses avec renforts métalliques, voiles béton, renforts en carbone et planchers collaborants. Ces interventions sont réalisées sous surveillance numérique vibratoire et acoustique pour limiter les nuisances et prévenir tout risque sur les structures voisines. La gestion des eaux souterraines est essentielle : le sous-sol, situé dans l’ancien lit d’un méandre de la Seine, est immergé dans la nappe phréatique. Le dispositif conçoit un sous-sol étanche mais inondable en cas de crue majeure, grâce à des évents permettant une inondabilité contrôlée.
Le chantier s’appuie sur le BIM pour anticiper les contraintes, coordonner les corps d’état et optimiser l’exécution. La logistique est adaptée au contexte parisien, avec un phasage rigoureux, des livraisons en horaires décalés et un suivi continu des impacts acoustiques et environnementaux.
La rénovation du siège AXA à Matignon intègre enfin une réflexion approfondie sur les usages. Les bureaux modulables sont organisés pour le travail hybride, avec des espaces de coworking, des zones de détente et des services adaptés aux collaborateurs comme aux visiteurs. Le hub central, l’atrium, l’auditorium et les salons de l’hôtel particulier offrent une grande capacité d’accueil pour les rencontres et événements, associant patrimoine, performance environnementale, confort d’usage et attractivité pour les utilisateurs de bureaux à Paris.