Une fois ça va. Deux fois...
Le ministère du travail vient d’annoncer, lundi, une hausse significative du nombre de demandeurs d’emploi. En réalité il n’annonce pas. Il ne fait que constater ce que j’annonçais depuis presque deux ans.
En effet, dès le printemps 2023, nous alertions sur le tsunami économique que provoquerait l’effondrement de la construction neuve.
Nous l’avons martelé tout au long de l’année dernière : moins de logements, ce sont moins d’emplois. Et pas seulement sur les chantiers : ce sont aussi des milliers de métiers touchés indirectement – architectes, déménageurs, cuisinistes, bureaux d’études, notaires, fournisseurs de matériaux, d’engins, intérimaires…
Un logement en moins, ce sont au minimum deux emplois détruits. Et sans doute davantage si l’on prend en compte toute la chaîne.
Nos estimations étaient claires : 150 000 emplois perdus en 2023, encore 150 000 en 2024 si rien n’était fait.
Nous ne prophétisions pas, nous constations tout simplement.
Aujourd'hui, les chiffres officiels viennent confirmer cette réalité que nous avions annoncée dans l’indifférence générale.
Ce n’est pas la première fois.
Dès le mois de mai 2023, nous avions alerté sur la chute programmée des recettes fiscales de TVA. Moins de logements construits, c’est moins de TVA collectée, moins de rentrées fiscales pour l’État et les collectivités.
Là encore, la dégradation des finances publiques que nous observons aujourd’hui vient corroborer nos analyses d’hier.
Il aura fallu attendre juin 2024 pour que Bruno Le Maire reconnaisse publiquement que "s’il y a un secteur où l’on s’est trompé, c’est bien le logement".
Le président de la République lui-même, dans ses derniers discours, a concédé que la crise du logement avait été sous-estimée.
Deux fois, nous avons alerté. Deux fois, les faits nous ont donné raison.
Depuis le gouvernement Barnier, et plus encore avec le gouvernement Bayrou, nous sommes enfin entendus. La question qui se pose toutefois est : N’est-il pas un peu trop tard ?
Nous disposons d’ores et déjà d’outils pour relancer la production de logements collectifs neufs : l’exonération temporaire des donations pour l’achat d’un logement neuf, l’extension du PTZ, l’émergence du LLI en SCI pour les particuliers…
Et surtout, nous portons avec force le statut du bailleur privé, véritable levier de relance, capable à lui seul de produire 40 000 logements locatifs supplémentaires et de générer plus de 2 milliards d’euros de recettes de TVA immédiates pour l’État.
Aujourd’hui, face au choc économique qui s’annonce, face à la montée inexorable du chômage, il n’y a plus de temps à perdre.
Et même si ce n’est pas d’actualité, mettre en œuvre le statut du bailleur privé, le plus tôt possible, dans le cadre d’un projet de loi de finances rectificatives serait jouer gagnant – gagnant – gagnant.
Gagnant pour l’État, avec des rentrées immédiates de TVA, gagnant pour l’économie avec de nouveaux emplois, gagnant pour nos concitoyens, qui trouveront à se loger.
Il est encore temps d’agir.