Une crise du logement qui ne ressemble à aucune autre
La conférence de presse du bilan 2020 de notre Observatoire FPI s’est tenue cette semaine.
Les chiffres font froid dans le dos :
- baisse d’un quart de nos ventes, et même d’un tiers pour les ventes aux particuliers ;
- baisse d’un tiers de nos mises en vente.
Les chiffres sont têtus et sans équivoque : 40 000 ventes perdues, 14 000 logements en projet de moins.
La crise est donc là, et elle est violente, mais c’est une crise atypique, et ce pour deux raisons:
- Nous faisons face à une crise de l’offre plus qu’à une crise de la demande, d’autant que la demande de VEFA HLM reste élevée et que celle des institutionnels est un relais de croissance de plus en plus puissant. Beaucoup de secteurs économiques sont touchés par la baisse de l’investissement des entreprises (aéronautique) et de la consommation des ménages qui préfèrent épargner (automobile) ; côté logement neuf, en revanche, la faiblesse des taux et le caractère rassurant de la pierre font que nos clients, s’ils sont plus difficiles à trouver, sont toujours là.
- Cette crise de l’offre n’est pas de notre fait, elle n’est pas liée à la désorganisation de notre appareil de production, bien au contraire ! Car oui, nous avons su l’adapter au contexte sanitaire, et oui nous nous souvenons tous des débats homériques sur le guide de l’OPPBTP ! Elle résulte directement de non-choix faits par les pouvoirs publics, Etat comme collectivités locales, gagnés peu à peu par l’idée de la décroissance… Certes, nous ne faisons pas l’objet de mesures administratives de fermeture, comme la restauration ou la culture, mais à bas bruit, incidemment, nous sommes aussi empêchés de faire et de produire.
Jusqu’à présent, malgré nos alertes répétées, le sujet de la crise du logement neuf n’était pas à l’agenda politique.
Désormais, la brutalité des chiffres l’impose. De plus en plus, dans nos échanges avec les décideurs et les parlementaires, nous sentons (enfin) monter cette préoccupation, mais nous entendons aussi une petite musique qui l’accompagne, sur le thème « le secteur ne doit-il pas se « réinventer », se remettre en question, et se demander pourquoi moins de PC lui sont délivrés ?
La question n’est pas illégitime, et notre secteur doit se la poser, mais pourquoi devrions-nous toujours être les seuls à devoir nous adapter ? Nous faisons face à une crise de modèle et de système : toutes les parties prenantes doivent se remettre en question.
Car si nous avons besoin des pouvoirs publics pour construire des logements, les pouvoirs publics doivent aussi reconnaître qu’ils ont besoin de nous pour offrir aux Français une offre de logements aussi bien qualitative que quantitative !