Nationale

Editorial du Président

Une belle éclaircie

Il y a des jours où l’actualité donne envie de se réjouir. Des jours où la politique, dans ce qu’elle a de plus noble, reprend ses droits.

En effet, des députés issus de toutes les familles politiques – de la gauche à la droite, en passant par le centre – se sont mis d’accord pour défendre des mesures concrètes en faveur du logement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026. Cette convergence rare doit être saluée. Elle prouve qu’il est encore possible de dépasser les clivages partisans pour répondre à un besoin fondamental : loger dignement nos concitoyens. C’est d’ailleurs tout à fait normal : être bien logé n’est ni de droite, ni de gauche. C’est juste un toit au-dessus de chacun de nous.

Deux mesures majeures illustrent cet accord transpartisan.

D’abord, le statut du bailleur privé, tant attendu par notre profession, et que je porte depuis près d’un an. Les parlementaires seraient prêts à voter un amendement qui permettrait d'encourager les particuliers à investir dans le locatif, grâce notamment à un mécanisme d’amortissement fiscal à 3,5 % de 80 % de la valeur du bien. C’est un premier pas vers le dispositif que nous appelons de nos vœux. J’ai cru comprendre que le Sénat allait l’améliorer lorsqu’il viendra en discussion devant la Haute Assemblée et qu’il saura le rendre pleinement opérationnel et efficace.

Ce soutien au statut du bailleur privé se ferait sous réserve d’un geste fort de la part du gouvernement en faveur de la diminution des prélèvements sur les recettes des bailleurs sociaux au titre de la réduction de loyer de solidarité (RLS). Pour que l’équation tienne, les députés posent une condition claire : pas de soutien au statut du bailleur privé sans engagement simultané sur la RLS.

Ce double mouvement est porteur d’une idée essentielle : on ne peut pas dissocier logement privé et logement social. L’un ne peut se penser sans l’autre. Ce lien de complémentarité, la FPI le porte depuis longtemps.

C’est d’ailleurs tout le sens de l’Alliance pour le logement, née d’un besoin : parler d’une seule voix. Montrer que tous les maillons de la chaîne – promoteurs, bailleurs sociaux, investisseurs, accédants – sont interdépendants, et qu’aucune réponse sérieuse à la crise ne peut faire l’impasse sur un de ces maillons. À force de le dire ensemble, nous avons été entendus.

J’aimerais que cette prise de conscience parlementaire soit le début d’une nouvelle façon de faire de la politique. 

J’ai souvent dit que le logement est en avance de phase. Il l’est dans sa dimension économique. Il a été le premier secteur touché par la crise économique qui s’est ensuite étendue à l’ensemble des entreprises françaises.

Ce travail partisan qui a été mené ces derniers jours par les députés pour sauver le secteur du logement devrait servir d’exemple et inciter nos parlementaires à réitérer l’expérience afin de donner un budget à la France.

Cette capacité retrouvée des députés à se parler, à construire des compromis, à prendre leurs responsabilités, qui s’est pour l’instant mise en œuvre uniquement sur les problématiques liées au logement… c’est exactement ce dont notre pays a besoin. Au moment où la France a du mal à se doter d’un budget, à se projeter, à se réformer, le logement montre la voie.

Rien n’est voté, rien n’est acquis. Mais nous tenons là la preuve qu’une volonté politique commune peut émerger quand l’enjeu touche à l’essentiel.

Et dans ce combat pour l’essentiel, le logement est en première ligne.

Pascal Boulanger, président FPI France