Nationale

Editorial du Président

Un jour sans fin

« Nos propositions, précises, ont été largement ratifiées, aussi bien par le ministre du Logement que par le groupe socialiste, mais elles se heurtent en permanence au ministère des Finances. Quand on aura 80 000 ou 100 000 chômeurs de plus sur les bras, on se réveillera peut-être… »

Ces propos, que je pourrai faire miens, datent de 1991 et ont été tenus par André Antolini, président de la Fédération nationale des promoteurs-constructeurs.

Plus de 30 ans plus tard, les constats posés par mon « lointain » prédécesseur sont d’une actualité criante.

D’abord, parce que nous avons, comme dans les années 1990, des propositions précises que nous présentons, depuis plusieurs mois, au Gouvernement ainsi qu’à de très nombreux parlementaires, vus aussi bien par moi-même que par les présidents des chambres régionales de la FPI.

Ensuite parce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. La chute de la demande aura des effets désastreux en termes de production de logements et de destruction d’emplois. La semaine dernière, mon ami Olivier Salleron, président de la fédération française du bâtiment, a lui aussi tiré la sonnette d’alarme et indiqué que « 100 000 emplois sont menacés, car le logement neuf a plongé depuis deux ans à cause du foncier, du crédit, des terrains à bâtir ». À vrai dire, je crains qu’il soit en-dessous de la réalité.

Enfin, parce que les obstacles qui empêchent la mise en œuvre de nos propositions sont toujours les mêmes. Nous nous heurtons, comme à chaque fois, à Bercy. Seules sont présentées comme acceptables les mesures simples, utiles, consensuelles et peu onéreuses. On imagine aisément ce mantra, répété à l’envi par les conseillers de Bercy à chaque réunion interministérielle.

J’aimerais pouvoir trouver des solutions avec notre éco-système sans solliciter l’État et sans le faire intervenir.

Or, tant que le secteur ne sera pas débarrassé du carcan fiscal et réglementaire qui l’étouffe – pour s’en convaincre, il suffit de compter le nombre de pages du code de l’urbanisme et du code de la construction et de l’habitation ou encore celui des impôts– nous serons dans l’obligation, et cela me désespère, de tendre la sébile et de quémander, en temps de crise, des aides fiscales pour relancer la production de logements destinés à loger nos concitoyens.

Je suis convaincu que si les prélèvements sur le logement n’étaient pas aussi élevés (plus de 90 milliards d’euros en 2021, soit plus que le produit de l’impôt sur le revenu), il ne serait pas nécessaire de mettre en œuvre des dispositifs fiscaux pour corriger les dysfonctionnements nés de cette surimposition.

Cette situation n’est plus acceptable : ni pour les pouvoirs publics qui considèrent que la politique du logement n’est pas efficiente ni pour les promoteurs qui, trop dépendants dans ce contexte des décisions de l’État, sont victimes, au gré des circonstances, des « stop and go » permanents qui empêchent toute stratégie de long terme.

Il est urgent de repenser dans un sens plus libéral la politique du logement : moins de règles, moins d’interdictions, moins de prélèvements. Libéralisons le secteur du logement. C’est ce que nous faisons régulièrement en proposant des solutions gagnant-gagnant et nous sommes déçus de ne pas être entendus.

Si un tel exercice, difficile mais salutaire, n’est pas réalisé, nous continuerons à vivre ce jour sans fin : les acteurs changent mais les problématiques restent.

Dans un premier temps, je n’avais pas l’intention de hausser le ton, mais…

 

Pascal Boulanger

Président de la FPI France