Nationale

Editorial du Président

Tous ensemble

Nous avons souvent tendance à voir le verre à moitié vide et à considérer que les pouvoirs publics ne nous entendent pas, ou nous entendent mal. Ce sentiment s’est progressivement installé tout au long du précédent quinquennat, la politique du logement n’étant plus qu’une variable d’ajustement d’autres politiques considérées comme prioritaires : nécessité de réussir la transition écologique et maîtrise des finances publiques.

A ce titre, je note la caricature abondamment relayée par nos détracteurs sur les 38 milliards de dépenses publiques sur le logement (tous logements confondus), sans que jamais ou presque, ne soient mises en regard les 88 milliards de recettes que rapportent le logement à l’Etat (27% de taxes sur un logement neuf en France…).

Dans le contexte actuel très anxiogène, la chute drastique des ventes nous incite à interpeller fortement l’exécutif car ne nous y trompons pas : si notre industrie immobilière flanche, ce sont des milliers de logements qui ne seront pas mis sur le marché et paralyseront, de fait, le parcours résidentiel de nos concitoyens. De même, si la demande flanche, c’est parce que le pouvoir d’achat des ménages est entravé par l’inflation, par les refus de prêts etc. et non par désintérêt pour le logement. Bien au contraire, les besoins explosent !

Pour autant, je crois aussi nécessaire de savoir saluer les évolutions positives qui sont intervenues dernièrement et qui sont utiles à notre profession.

La fixation de délais dans le traitement des recours contre les permis de construire ou, plus récemment, contre les refus de permis de construire est une évolution particulièrement significative. Cette limitation des délais, que nous demandions depuis de très nombreuses années, est maintenant effective.

Nous avons également été entendus sur la question du taux d’usure. La demande formulée par la FPI auprès du gouverneur de la Banque de France à la fin de l’été dernier qui consistait à calculer le taux d’usure tous les mois et non tous les trois mois a été mise en œuvre le 1er février 2023.

Ces mesures contribuent à limiter certains irritants sur l’acte de construire et la solvabilité des ménages.

Pour ces avancées attendues, je remercie le Gouvernement et particulièrement Olivier Klein, ministre chargé de la ville et du logement, qui ont notamment œuvré auprès de la Banque de France pour faire changer le calcul du taux d’usure.

Ces remerciements sont indispensables entre partenaires, surtout depuis notre changement stratégique opéré lors du Congrès de Strasbourg, la FPI se positionnant dorénavant en FPI de propositions plutôt que FPI de combat.

L’ampleur de la crise et la perspective réelle d’un blocage de l’accès au logement s’étendant aux classes moyennes, les ventes étant quasiment totalement à l’arrêt, me conduisent à demander la mise en œuvre de mesures bien plus puissantes mais limitées dans le temps. Il faut absolument créer l’électrochoc qui permettra nos concitoyens d’acheter des logements pour y vivre ou pour les louer.

Être partenaires, c’est d’abord accepter que toutes nos propositions ne soient pas reprises, qu’elles soient challengées, qu’elles soient éventuellement contestées.

Mais être partenaires, c’est aussi, et surtout, savoir œuvrer ensemble quand la situation l’exige.

C’est le cas aujourd’hui. Il y a urgence.

Ces mesures d’exception doivent être construites main dans la main avec le gouvernement.

Par avance cette fois-ci, je le remercie de nous entendre et d’agir vite.

 

Pascal Boulanger,
Président de la FPI France