Nationale

Editorial du Président

Soyons transgressifs

Une fois n’est pas coutume, mon expérience personnelle va nourrir l’édito de cette semaine.

Un promoteur, vous le savez, s’avoue rarement vaincu. Chaque nouvelle difficulté le renforce dans sa volonté d’aboutir et des nouvelles pistes de solutions sont explorées. C’est toute la noblesse de notre métier.

Mais parfois les faits sont têtus et, quelle que soit l’option retenue, l’opération de construction de logements ne s’équilibre pas.

Je suis malheureusement dans l’obligation de renoncer à un projet, son résultat financier, déjà fragilisé par la hausse des coûts de construction, étant totalement et irrémédiablement déséquilibré du fait des coûts imposés par les fouilles archéologiques.

Loin de moi l’idée de fustiger l’Inrap, victime comme moi de la situation. Je ne peux que louer l’attitude de son président, Dominique Garcia, toujours à l’écoute des acteurs économiques et cherchant à chaque fois des solutions permettant de concilier l’équilibre des opérations et la préservation du patrimoine archéologique.

Pourtant nous vivons une situation d’urgence, les besoins en logements de nos concitoyens et surtout ceux des jeunes générations restent très largement insatisfaits. Une enquête menée récemment par Mac Kinsey faisait apparaître que la moitié des jeunes nés après 1997 estiment qu’ils n’auront jamais les moyens de devenir propriétaires. Cette question ne se posait même pas pour notre génération.

Notre société ne peut pas continuer à privilégier son passé en hypothéquant l’avenir de ses enfants.

Ces débats ont aussi eu lieu dans le cadre du Conseil national de la refondation dédié au Logement et l’idée de mettre en œuvre une réglementation d’exception, dérogatoire et moins exigeante afin de répondre à la crise n’est plus tabou.

Nous savons le faire.

Le gouvernement a su prendre des mesures d’exceptions dans le cadre de la préparation des Jeux Olympiques de Paralympiques de 2024. Il a également su, pour répondre à la volonté du président de la République, promulguer une loi d’exception pour la conservation et la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elle prévoit notamment, pour faciliter les travaux de restauration, un régime dérogatoire aux règles d’urbanisme, de préservation du patrimoine (dont l’archéologie préventive) ou encore de protection de l’environnement.

Pour restaurer ce monument historique et emblématique qu’est Notre-Dame de Paris, le gouvernement et les parlementaires ont eu toutes les audaces, notamment à l’encontre du droit de l’urbanisme, de l’environnement ou du patrimoine.

Malheureusement, lorsqu’il s’agit de préparer l’avenir, notamment les logements des générations futures, ce sens de l’audace, voire de la transgression, disparaît.

Il ressort de mes nombreux échanges avec certains d’entre vous que je ne suis pas un cas isolé et que l’amoncellement des normes et contraintes aboutit, dans le contexte actuel, à un blocage des projets.

N’hésitez pas à m’en faire part. Riches de ces exemples, nous pourrons continuer à porter le message auprès des pouvoirs publics de la nécessité de s’interroger sur les dégâts de la surrèglementation qui s’applique à notre pays et notre métier.

 

Pascal Boulanger, Président FPI France