Sans vision globale, le remède sera toujours pire que le mal
Le gouverneur de la Banque de France, M. François Villeroy de Galhau, s’est exprimé vendredi dernier sur BFM Business sur la hausse des taux immobiliers qui devraient revenir à des taux plus normaux, de l’ordre de 2 à 3%. Cette hausse n’empêchera pas, selon lui, l’immobilier de bien se financer.
L’économie étant avant tout une question de confiance, M. Villeroy de Galhau est dans son rôle : il ne lui appartient pas de jouer les Cassandre et se montrer inquiet sur les conditions de financement de l’économie en général et de l’immobilier en particulier.
Je ne partage pas son optimisme, réel ou non. Il passe sous silence le fait que les taux très bas que nous avons connus ces dernières années, dus notamment à un niveau d’inflation lui aussi très faible, ont poussé, bien malgré nous, les prix du collectif neuf (et de l’ancien) vers des sommets.
Le contraire n’est pas vrai. Le malthusianisme de nombreux maires, que je dénonce régulièrement, et la hausse des coûts de construction continueront à faire monter les prix de l’immobilier.
L’équation est simple : une hausse des taux d’intérêt, alors que les prix des biens immobiliers sont aux sommets, désolvabilisera encore plus les acquéreurs, et notamment les primo-accédants.
Au-delà de ces considérations économiques, les propos de François Villeroy de Galhau montrent l’absence de vision globale des enjeux de la part de nos dirigeants et mettent en évidence, selon moi, le rôle que nous avons à jouer.
Ainsi, le gouverneur de la Banque de France, dont la mission essentielle est de garantir la stabilité financière et donc contenir l’inflation, fait preuve d’un déni assez inquiétant en ce qui concerne le financement de l’immobilier.
De même, les services du ministère de la transition écologique, obnubilés par l’objectif de zéro carbone en 2050, oublient les aspects sociaux et sociétaux du logement. Pour eux, seule compte l’atteinte de l’objectif de zéro carbone d’ici 2050 qui ne pourrait se concrétiser que par une baisse drastique de la construction neuve.
Je regrette l’absence de vision globale de tous ces acteurs. Chacun reste dans son couloir (lutte contre l’inflation, lutte contre les gaz à effet de serre, etc.) et privilégie des solutions qui vont se révéler désastreuses, faute d’en analyser les tenants et les aboutissants. A chaque fois, le remède est pire que le mal.
C’est tout le contraire de la profession de promoteur immobilier. En tant que maîtres d’ouvrage nous avons à faire en permanence la synthèse entre des intérêts souvent contradictoires : exigences croissantes des maires, prise en compte des difficultés des entreprises du bâtiment, règlementation toujours plus exigeante, solvabilité des acquéreurs...
De même nous intervenons sur l’ensemble de la chaîne du logement, depuis la Vefa sociale jusqu’à la vente aux investisseurs.
Ce positionnement nous donne une place centrale pour comprendre, dans leurs globalités, les enjeux du logement et ainsi d’en faire la synthèse.
J’entends faire comprendre cette spécificité de notre profession aux ministres du nouveau gouvernement que je vais rencontrer prochainement.
Il est en effet essentiel que les pouvoirs publics comprennent que la fédération des promoteurs immobiliers joue un rôle déterminant dans l’accès au logement pour tous et est le partenaire de référence, capable d’apporter des éclairages plus complets et certainement plus efficients sur les questions du logement que ceux qui aboutissent aux décisions ambigües que nous subissons actuellement.
Seule la vision globale que nous sommes en capacité d’apporter doit, si elle est entendue, éviter au gouvernement de prendre des décisions préjudiciables à long terme qui immanquablement renforceront la crise du logement que nous connaissons malheureusement actuellement.
Pascal Boulanger
Président FPI France