Réapprendre à faire société
Depuis quelques semaines, un mot revient dans les débats politiques et médiatiques : fracture.
Fracture entre les générations, fracture entre les catégories sociales, fracture entre les territoires.
Partout, des incompréhensions s’installent : les jeunes contre les « boomers », les pauvres contre les riches, les salariés contre les retraités, les femmes contre les hommes et vice-versa...
Ce climat de suspicion généralisée, d’opposition systématique, révèle un malaise plus profond : celui de notre cohésion nationale.
Nous avons perdu, peu à peu, ce qui fonde une nation : l’envie de faire ensemble. Ce que les juristes appellent l’affectio societatis — ce désir d’appartenir à une communauté, d’y contribuer et d’en partager le destin.
Les débats parlementaires récents sur le projet de loi de finances pour 2026 en sont le reflet : plutôt que de construire des compromis, trop souvent on cherche à désigner des coupables. Les uns accusent les autres de payer trop peu d’impôts ou de bénéficier de trop d’aides de la part de l’Etat. Cette spirale du ressentiment est dangereuse, car elle érode les fondements mêmes de notre pacte social.
Une société où chacun se définit par opposition à l’autre n’est plus une société : c’est une addition de rancunes.
Pourtant, les défis qui nous attendent — économiques, sociaux, environnementaux, géopolitiques — exigent au contraire de la cohésion, de la confiance et du respect mutuel. Il nous faut réapprendre à écouter, à débattre sans invective, à reconnaître la part de vérité de l’autre.
C’est à ce prix seulement que nous pourrons relever collectivement les défis du pays.
Ce n’est pas un hasard si certaines puissances étrangères cherchent à exploiter nos divisions internes. Les campagnes de désinformation, les manipulations sur les réseaux sociaux, les provocations symboliques participent d’une même stratégie : affaiblir la France en s’attaquant à sa cohésion. Ne tombons pas dans le piège. Ne prêtons pas le flanc à leurs velléités par nos excès.
Il faut se ressaisir ou nous deviendrons notre propre ennemi.
Et comme le dit le proverbe « le poisson pourrit par la tête », nos représentants doivent montrer l’exemple.
Mesdames et messieurs les parlementaires, évitez les postures qui opposent plutôt qu’elles ne rassemblent. La vérité est plus nuancée, et l’avenir se construira sur la nuance, pas sur des postures simplistes.
Dans les périodes de doute, il faut savoir se rappeler ce que nous avons de commun : une histoire, une culture, un modèle social, et surtout une responsabilité partagée.
La cohésion nationale n’est pas un luxe, c’est notre bien le plus précieux. Si nous ne savons plus la défendre et la chérir, d’autres sauront exploiter nos failles et en profiter.
Réapprenons tout simplement à nous respecter et nous aimer. C’est la base du pacte social qui fera de nous une société cohérente et gagnante.
Pascal Boulanger, président de la FPI