Que d’efforts, que d’efforts !
Lors de la crue de la Garonne de 1875, Mac Mahon aurait eu cette formule savoureuse : « Que d’eau, que d’eau ! ».
J’ai envie de la paraphraser au regard de la multitude de mes interventions, rencontres, notes, échanges avec les Ministres et les Parlementaires et que nos adhérents et présidents de Chambre ont relayés : « Que d’efforts, que d’efforts ! ».
Je pensais, jusqu’à la fin de la semaine dernière, que ceux-ci avaient enfin payé.
En effet, quelques mois après notre Appel de Strasbourg du 7 juillet 2022, un début de prise de conscience s’opérait enfin.
Le Conseil national de la refondation, lancé le 8 septembre 2022 par le président de la République, a redonné au logement la visibilité qu’il avait perdu lors du précédent quinquennat. Le gouvernement, constatant qu’il arrivait en deuxième position du nombre des contributions des Français au CNR, a décidé de lui en consacrer un.
Lancé fin novembre, il a mobilisé pendant plusieurs mois l’ensemble des acteurs (fédérations professionnelles et monde associatif). Les trois groupes de travail ont rendu leurs conclusions mi-mars.
Une restitution des travaux devait avoir lieu mardi dernier, le 9 mai. D’un naturel optimiste, j’y espérais l’annonce de mesures concrètes et opérationnelles destinées à soutenir la production de logements collectifs neufs mais aussi à desserrer les contraintes qui pèsent sur les acquéreurs et investisseurs (accès au crédit notamment).
Malheureusement, la réunion a été annulée in extremis. A l’heure où j’écris, aucune nouvelle date n’a été fixée.
Pourtant il y a urgence. Il faut agir, il faut décider. L’heure n’est plus aux tergiversations.
Le ministre du logement semble l’avoir compris, mais il parait bien seul au sein du gouvernement.
La Première ministre a certes annoncé quelques mesures lors de la présentation de la feuille de route du Gouvernement du 26 avril dernier. Elles ont le mérite d’exister mais restent très en deçà des enjeux et à ce stade non détaillées. On y reconnait d’ailleurs l’intervention de Bercy puisque l’Etat fait porter le coût de ces mesures par d’autres acteurs : la Caisse des dépôts et les banques.
Dans ce contexte, il ne nous reste plus qu’une seule solution : en appeler au président de la République... Surtout quand, dans une interview au magazine Challenges de ce jeudi, il dénonce « le paradis créé pour les investisseurs immobiliers », déniant à ces derniers le rôle d’acteurs économiques au sein de notre société.
Parce que la situation est catastrophique et qu’à la fin de l’année, il manquera a minima 60 000 logements, creusant encore un peu plus le déficit de logements. Autant de ménages qui ne pourront pas se loger comme ils le veulent et devront se contenter de pis-aller.
Parce que près de 150 000 emplois vont disparaitre dans les 2 ans à venir. Et ce sont autant de compétences qui manqueront dans les années à venir pour construire les logements de demain.
Parce que l’addition de ces deux crises, crise du logement et crise économique, constitue le germe d’une véritable bombe sociale.
Sommes-nous en guerre ? Le gouvernement dans son ensemble, Bercy en tête, doit prendre la mesure de la bataille que la France est en train de perdre : moins de logements, c’est moins de mobilité, moins de sécurité et, pour finir, moins de croissance et de compétitivité.
L’heure est grave. La balle est maintenant dans les mains du président de la République.
Nous sommes prêts !