Nationale

Editorial du Président

Qualité d’usage : une responsabilité collective

Chaque année, les entretiens d’Inxauseta sont le rendez-vous de la rentrée des acteurs du logement. A cette occasion, la semaine passée, plusieurs interventions ont interpellé la promotion immobilière, sur le thème de la qualité d’usage des logements neufs.

Comme toutes les professions, nous devons savoir entendre les critiques qu’on nous adresse, pour progresser. On nous parle par exemple de surfaces moyennes qui baissent ou de logements mono-orientés. C’est probablement pour partie vrai, pour certains programmes, dans certaines configurations, mais cette baisse supposée de la qualité d’usage est loin de constituer une vérité générale comme on nous la présente. J’en veux pour preuve les 100 à 120 000 logements que les promoteurs vendent chaque année à des particuliers : tous ont le choix d’acheter dans l’ancien, qui représente 90 % des transactions, et pourtant c’est bien vers la VEFA qu’ils s’orientent, marquant là leur adhésion à nos produits.

Une chose est sûre, en revanche, c’est que nos programmes n’ont jamais été aussi difficiles à faire sortir de terre, et que cette difficulté pèse sur leur conception : parmi les facteurs de non-qualité, citons un foncier trop rare, une constructibilité à la baisse et aléatoire malgré les PLU, un empilage de normes ou des contradictions entre politiques publiques (ex : « plus d’espaces verts » versus « plus de stationnements »). Dit autrement, l’amélioration de la qualité d’usage est une responsabilité collective, car chacun détient une partie de la solution : Etat, collectivités locales, aménageurs, maîtres d’ouvrage publics et privés etc.

Malheureusement, en France, on considère qu’un problème est résolu quand on a pu désigner un bouc émissaire - en l’espèce, la promotion : à Inxauseta, notre délégué général et moi-même avons dû répondre à des caricatures hostiles, en totale méconnaissance des réalités de notre métier et au mépris des efforts que nous faisons tous pour loger les français dans les meilleures conditions possibles. Je suis fier d’être promoteur, et je n’entends pas laisser des observateurs sarcastiques, qui n’ont jamais géré la complexité d’un programme, ni même pris le risque d’en lancer un, critiquer notre travail de façon biaisée. En cédant à cette facilité du bouc émissaire, ils font le mauvais diagnostic, donc les mauvaises recommandations : davantage de rigidité, de normes et de contraintes, alors que nous avons besoin, parce que le sujet est collectif et complexe, de plus de dialogue, d’écoute, de pragmatisme et d’innovation.

On voudrait par exemple nous obliger à faire des logements plus grands, mais en réalité la taille des ménages diminue, et surtout, dans une France bas carbone, il faut construire plus sobre, donc réfléchir à ce qu’on peut optimiser (ex : les modes de rangements) et partager (ex : une terrasse, une buanderie, une cuisine, un stationnement etc.). Dire, comme veut le faire l’Etat, « le bon T3, c’est x m2 », c’est passer à côté de toutes ces réflexions et rendre plus difficile leur déploiement, par archaïsme de la loi ou du PLU.

La qualité d’usage, c’est donc l’affaire de tous : des promoteurs, bien sûr, mais pas seulement !     

 

Pascal Boulanger

Président FPI France