Première sommation
Nous traversons actuellement une crise inédite de la demande dans le secteur du logement. Les ménages, confrontés à une perte de pouvoir d’achat et à des taux d’intérêt encore élevés, peinent à accéder à la propriété. Ce contexte, aussi difficile soit-il, ne durera pas éternellement. Un jour, la demande reprendra avec la baisse des taux, la maîtrise des coûts (sous réserve d’absence de surtransposition des normes) et aussi, je l’espère, avec la mise en œuvre de nos préconisations.
Mais serons-nous capables d’y répondre ?
Le temps de l’immobilier est un temps long. Les permis délivrés aujourd’hui aboutiront à des livraisons dans deux ou trois ans, voire davantage, compte tenu des multiples contraintes qui pèsent avant et après leur obtention.
Or les futures élections municipales, qui pourtant ne se tiendront que mi-2026, sont déjà une réalité pour les maires actuels. Certains refusent d’ores-et-déjà de délivrer des permis de construire. D’autres demandent aux promoteurs de retarder le lancement des chantiers pour éviter des nuisances visibles à l’approche de leur campagne électorale.
Dans deux ou trois ans, faute de permis de construire délivrés aujourd’hui, les nouveaux logements manqueront cruellement et nous basculerons alors de l’actuelle crise de la demande vers une nouvelle crise de l’offre, violente.
Cette chronique d’une pénurie annoncée est encore évitable, mais elle nécessite des décisions courageuses.
Mesdames et Messieurs les maires, vous avez un rôle essentiel à jouer pour éviter que cette crise du logement ne s’aggrave. En tant qu’élus de proximité, vous êtes au cœur des solutions. Ne bloquez pas les projets. Soutenez les initiatives qui permettront de préparer l’avenir et d’offrir à vos administrés des logements adaptés à leurs besoins, aux salariés une véritable mobilité professionnelle, à vos territoires un développement économique dynamique.
Je salue les efforts de la ministre du Logement et du Premier ministre, qui annoncent vouloir prendre des mesures pour accompagner les maires bâtisseurs. À ce titre, je leur rappelle que je défends depuis plus de deux ans le fléchage d’une partie de la TVA immobilière vers les communes qui décident d’augmenter leur production de logements.
La réflexion que nous menons actuellement avec leurs cabinets respectifs sur la prolongation de deux ans de la durée des permis de construire est une avancée bienvenue.
Mais ces efforts ne porteront leurs fruits que si, localement, les élus font le choix du courage, de l’ambition et de la responsabilité.
Je comprends vos contraintes, mais ne laissez pas la peur de l’impopularité guider vos décisions. Les mêmes qui aujourd’hui vous imposent de ne pas construire viendront demain vous reprocher de ne pas pouvoir disposer dans votre ville de logements pour loger leurs enfants. Chaque permis que vous délivrez aujourd’hui, chaque chantier que vous autorisez, est une pierre posée pour surmonter la crise.
L’immobilier est un moteur essentiel de la croissance économique et de la cohésion sociale. Les décisions prises aujourd’hui auront un impact direct sur la capacité de notre pays à répondre aux besoins des Français dans les années à venir.
Maires bâtisseurs, votre implication est plus que jamais essentielle.