Nous sommes des promoteurs, pas des Prométhée !
Dans ses échanges avec les pouvoirs publics, la FPI est souvent confrontée à des idées fausses sur l’immobilier neuf, nourries d’une profonde méconnaissance des opérateurs, de leurs produits et de leurs clients.
Petit jeu des sept erreurs, à l’heure où nous devons argumenter serré pour défendre la production de logements – autour de l’idée que le neuf n’est pas un problème, mais une solution.
1. « Pour l’environnement, la rénovation vaut mieux que la construction » : les deux vont en réalité de pair, car si la première réduit la consommation d’énergie, la seconde permet seule de progresser vers « la ville du quart d’heure » en combinant tous les aspects de la sobriété et de la performance verte : énergie, mais aussi résilience, bas-carbone, biodiversité etc.
2. « Le neuf artificialise trop de sols » : c’est vrai pour le pavillonnaire diffus, mais c’est un contre-sens pour l’offre neuve en ville, reconstruite sur l’existant, plus dense et dans laquelle le végétal prend de plus en plus de place.
3. « On a trop construit dans les métropoles régionales » : en réalité, on y a trop peu construit par rapport aux besoins d’une population qui croît qui vieillit, et à des ménages dont la taille diminue constamment. Cesser d’y construire, c’est aggraver la pénurie, l’inflation et la ségrégation.
4. « Notre avenir sera dans les villes moyennes » : probablement, mais pour partie seulement, et pas dans un avenir très proche. Il faut donc accompagner la dynamique de ces villes que tous redécouvrent, sans négliger pour autant les métropoles régionales dans lesquelles la population va continuer de croître de 0,5 à 1 % par an.
5. « le béton, c’est dépassé » : la montée en puissance des matériaux biosourcés est évidemment souhaitable, mais là encore, il ne faut pas surestimer la capacité des filières concernées à alimenter rapidement la construction des 450 000 logements produits chaque (bonne) année. Nous allons voir encore longtemps des toupies à béton sur les chantiers, qu’on le veuille ou non.
6. « la densité, c’est malsain » : la promiscuité oui, la densité non. On peut être économes de l’espace dans une ville dense qui reste saine, parce qu’elle ménage des espaces verts privatifs et partagés, ou parce qu’elle est accessible aux mobilités actives et douces. La réponse durable au risque épidémique ne peut pas passer par l’isolement de chacun dans son pavillon : c’est le contraire même de l’habitat et de l’urbanisme durables !
7. « le télétravail va tuer le bureau » : il va le changer, et c’est un immense défi. Indiscutablement le bureau de demain devra offrir aux salariés plus de confort que leur logement pour leur donner envie d’y venir. Mais beaucoup de logements et de métiers s’y prêtent mal : la bascule n’est donc pas pour tout de suite.
Une des faiblesses de notre époque, c’est d’intimider les pragmatiques pour laisser parler les idéalistes. Dans les faits, il faut prendre toutes les transformations dont nous sommes témoins comme des leviers de changement pour nos entreprises, mais en évitant d’être dans le déni des difficultés, des réticences et du temps long.
La France de demain ne sera pas faite que de démonstrateurs exemplaires mais hors de prix. Il faut y aller, résolument, mais avec aussi l’humilité de ceux qui savent qu’ils ne sont pas Prométhée, mais promoteur !