Notre référentiel qualité, à nous, c’est le client
Cette semaine, le ministère du Logement a rendu public le rapport sur la qualité d’usage des logements neufs, commandé à MM. Girometti et Leclercq. Il comporte un certain nombre de considérations sur ce qu’est un « bon logement », ou un logement de qualité : des surfaces minimales par typologie, une hauteur minimale sous plafond, une présence systématique d’espaces extérieurs, etc.
Cela pourrait convenir aux maîtres d’ouvrage que nous sommes : après tout, notre métier consiste à donner à nos acquéreurs le meilleur rapport qualité-prix, et à rechercher sans cesse l’amélioration de nos produits et des services qu’ils apportent. Pourtant, ce document nous pose problème, pour deux raisons.
D’une part, il est muet sur les facteurs extérieurs qui peuvent peser, positivement ou négativement, sur la qualité de nos logements : le prix du foncier, les PLU, les normes etc. Les collectivités locales ont les clés pour favoriser la qualité (ex : les bonus de constructibilité pour encourager l’innovation) ou pour l’empêcher (ex : le décompte des surfaces des balcons dans l’emprise au sol). Entièrement dépendante des permis de construire, notre activité dépend très largement des choix des pouvoirs publics. Il n’y a donc pas de qualité du logement sans qualité de la politique du logement : il ne suffit pas de dire aux maîtres d’ouvrage « faites mieux », il faut créer les conditions pour le leur permettre. Et sur ce point, malheureusement, le rapport est muet.
D’autre part, et c’est à mes yeux la réserve la plus importante, l’Etat a toute légitimité pour définir ce qu’est un logement décent, mais pourquoi devrait-il dire, à la place des clients, ce qu’est un logement confortable, et leur prescrire des choix (ex : cuisine fermée plutôt qu’ouverte) ? Au demeurant, il n’existe pas UN SEUL TYPE de logement de qualité, mais autant de définitions de la qualité qu’il y a de ménages : les besoins de nos clients varient en fonction de leur âge, de leur composition familiale, de leur mode de vie et de leur lieu de vie etc. Je trouve révélateur, de ce point de vue, que 27 architectes aient été auditionnés pour le rapport, ce qui est très bien, mais aucun représentant des acquéreurs, ce qui est plus critiquable. Car c’est d’abord à eux d’exprimer des choix et de faire des arbitrages, dans un contexte de logement cher.
C’est assez facile de dire ce que serait un logement idéal, et d’expliquer qu’il devrait être plus lumineux, plus grand, plus haut etc. C’est plus difficile de le faire en tenant compte de la contrainte économique. Or c’est précisément ce que nous, promoteurs, faisons tous les jours : échanger avec nos clients, nous adapter à leurs moyens, intégrer leurs souhaits de « travaux modificatifs acquéreurs » etc.
Notre seul « référentiel qualité », c’est notre client, et le bon logement, c’est celui qui lui donne le maximum de qualité pour le prix qu’il peut lui consacrer. Or sur la question des prix, nous sommes aujourd’hui « à la limite », et la solvabilité de nos acquéreurs est à la merci d’une hausse des taux d’intérêt … comme d’une nouvelle hausse des coûts. Je dis donc aux pouvoirs publics : créez les conditions du logement abordable, et vous créerez les conditions d’une meilleure qualité d’usage. Tout en rappelant que cette qualité, nos clients la plébiscitent déjà, comme en témoignent les 120 000 logements que nous vendons chaque année à des particuliers.