Nationale

Editorial du Président

Notre malade chronique arrive aux urgences

Notre positionnement très en amont de l’acte de construire et la multiplicité des interlocuteurs (élus, établissements financiers, acquéreurs, investisseurs, entreprises du BTP) avec lesquels nous sommes régulièrement en contact nous donnent les moyens de voir très tôt les crises se profiler.

Crise de l’offre

Nous alertons depuis les élections municipales de 2020 sur la baisse de la délivrance des permis de construire par les maires, sous la pression de leurs administrés. Chaque mois, c’est plus de 1 000 logements qui ne sont pas autorisés.

Crise de la production de logements locatifs sociaux

Dès le premier trimestre 2022, nous avons constaté une forte baisse des ventes en bloc aux bailleurs sociaux. Sur l’ensemble de l’année, celles-ci ont chuté de 36%. Comme elles représentent plus de 50% de la production neuve des bailleurs sociaux, c’est près de 20% de logements sociaux qui ne seront pas mis à la location dans les années à venir.

Crise de la demande

Dès le début du second trimestre 2022, nous avons constaté les difficultés croissantes d’accès aux prêts immobiliers de la part des acquéreurs. Taux d’usure et critères très restrictifs imposés par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) empêchent des ménages, pourtant solvables, d’acquérir un logement pour y habiter ou pour le louer. Au total, les ventes de logements neufs sont inférieures de 25% à celle réalisées en 2021.

Nos alertes, même si elles ont finalement été entendues par le gouvernement, ne l’ont pas été suffisamment tôt. Il a fallu attendre un conseil national de la refondation dédié au logement, près de 6 mois après notre « Appel de Strasbourg », pour que des réflexions soient engagées.

Ces travaux sont destinés à apporter des solutions pour essayer de traiter les « maladies chroniques » dont souffre le secteur du logement : désarroi des maires, modalités de financement des acquéreurs, efficience des dispositifs fiscaux.

C’est essentiel.

Malheureusement, nous constatons, depuis le début de l’année, la disparition quasi complète de la demande, alors que les besoins sont avérés.  Les taux de désistement atteignent des niveaux jamais atteints auparavant : 50%, voire dans certains cas 60%.

Le cœur de notre activité est à l’arrêt.

Le malade chronique est maintenant aux urgences pour un risque d’arrêt cardiaque : un traitement de choc, immédiat, s’impose. Les solutions structurelles, toujours nécessaires, doivent être complétées par d’autres mesures conjoncturelles.

C’est pourquoi, des mesures de type « électrochoc », d’application immédiate et limitées dans le temps, doivent être explorées, sans tabou : prorogation du calcul mensuel du taux d’usure jusqu’à la fin de l’année pour les biens immobiliers, exonération des plus-values de cession ou des droits de succession, renforcement du PTZ, etc. (Cette liste n’est pas exhaustive).

Le Gouvernement et le Parlement doivent faire confiance au diagnostic posé par la FPI et l’ensemble des professionnels du secteur et engager les mesures urgentes et exceptionnelles qui s’imposent.

Nous aurons ensuite le temps nécessaire pour traiter la maladie chronique.

Notre tort, tout au long de l’année dernière a été, comme l’a résumé un de mes interlocuteurs ministériels, « d’avoir eu raison trop tôt ».

Ne reproduisons pas la même erreur !

 

Pascal Boulanger

FPI France