Nationale

Urbanisme

On ne réduira pas les fractures de notre pays sans répondre aux problèmes de logement.

Lorsque nous avons choisi comme thématique des JEP 2019 « la qualité de vi(ll)e », avec tout ce qu’elle comporte de rêve, d’utopie et d’imagination, nous étions loin d’imaginer qu’elles se dérouleraient dans un contexte où « la fin du mois » supplanterait « la fin du monde ».

Mais à la réflexion, cette thématique de la « qualité de vi(ll)e » reste pleinement pertinente, car elle renvoie directement aux contradictions qui traversent aujourd’hui notre pays : contradiction, car si nous savons la produire, mais nous peinons à la partager. Nous sommes capables de concevoir et de faire émerger des projets urbains ambitieux, qualitatifs et durables, riches d’innovations sur nos produits comme sur nos méthodes, mais qui sont difficilement accessibles pour beaucoup d’entre nous.

La crise que nous traversons doit nous rappeler la nécessité première de produire du logement abordable là où les habitants veulent vivre. Non pas au détriment de la qualité et de l’ambition, car le temps est révolu où nos clients acceptaient de vivre ou travailler dans des espaces relégués ; mais avec l’obsession partagée avec toutes les parties prenantes de nos projets – au premier chef les élus locaux – de maîtriser nos coûts et nos prix.

La FPI saisit donc l’occasion du Grand débat national pour insister de nouveau sur la nécessité de produire du logement moins cher, ce qui ne peut se faire qu’en densifiant. Le mot suscite des fantasmes, et beaucoup d’élus comme d’habitants rejettent la densité. Cette hostilité se traduit dans des PLU qui donnent de moins en moins de droits à construire, dans des permis de construire de plus en plus difficiles à obtenir et font l’objet de recours. Cette crainte crée de la rareté des logements dans des métropoles attractives, qui génère elle-même la hausse des prix. 

On ne réduira pas les fractures de notre pays sans répondre aux problèmes de logement. Pour cela il faut redonner à chacun la possibilité de vivre selon ses choix. Les aides financières aux ménages y contribuent, mais il ne faut pas négliger l’autre versant – celui de l’offre, et de la production de logements meilleurs marché dans les villes où les classes moyennes veulent vivre. Pour cela, il faut briser le tabou de la densité et traiter le sujet du droit des sols avec les élus locaux et l’Etat.

La première qualité de la ville, c’est d’être abordable pour ceux qui souhaitent y vivre et profiter des emplois comme des services qu’elle propose ; à nous, opérateurs, d’articuler cette ambition avec celle, tout aussi légitime, d’un cadre de vie adapté aux attentes de nos clients : une ville durable et désirable.

 

Alexandra François-Cuxac

Présidente de la FPI France