Nationale

Editorial du Président

Monsieur le Premier ministre, changez de méthode !

La crise des agriculteurs ne fait que confirmer un constat partagé par tous les observateurs de la chose publique : l’Etat ne négocie pas s’il n’y a pas de rapport de force.

Pour reprendre les propos d’Alain Bauer, professeur de criminologie appliquée : « En France, on casse d’abord, on discute ensuite. »

Ce qui se passe actuellement dans nos pays illustre cruellement l’incapacité de nos dirigeants politiques à faire preuve d’écoute et de lucidité. Les professionnels, en prise avec la « vraie vie » et donc les plus à même d’alerter, sont rarement entendus.

Plus grave, dans notre domaine, l’absence totale d’écoute des avis des acteurs de l’acte de construire est organisée.

L’exemple le plus douloureux est celui du Conseil national de la refondation dédié au logement. Aucune des mesures proposées par les participants n’a été reprise par Matignon. Un comble !

Il en va de même avec les multiples instances de consultations créées dans le secteur du logement et de l’habitat, dont le rôle est malheureusement simplement consultatif, le pouvoir de décision restant aux mains des administrations.

L’énumération de toutes ces instances donne le vertige.

Je n’en citerai que deux. Le Conseil national de l’Habitat, instance de consultation et de dialogue, doit permettre d'informer et d'améliorer la politique du logement. Vraiment ? Comment travailler efficacement alors que le nombre de membres de cette instance vient encore d’être augmenté pour atteindre plus de 80 personnes.

Même constat pour le Conseil supérieur de la construction et de l’efficacité énergétique (CSCEE). Consulté sur les textes législatifs ou réglementaires portant sur la réglementation technique, sa gouvernance, composée de divers collèges, est telle que l’avis des vrais professionnels, ceux qui mettent en œuvre ces réglementations, est le plus souvent mis en minorité.  

Tout cela doit changer.

Si l’on veut construire une vraie politique du logement, en phase avec les aspirations de nos concitoyens, il est plus que jamais nécessaire d’être dans la co-construction et surtout de libérer les acteurs des pesanteurs administratives et réglementaires qui les entravent.

Le précédent ministre du Logement répétait à l’envi que « ce n’est pas avec les recettes du siècle dernier que nous construirons la politique du logement du 21ème siècle ».

Il avait raison. Ce n’est pas en reproduisant des modes de gouvernance obsolètes, structurés autour de fausses concertations, que l’on sortira de l’ornière dans laquelle se trouve la politique du logement.  

Monsieur le Premier ministre, le moment est propice à un nouveau départ.

Au travail.

Pascal Boulanger

Président de la FPI France