On marche sur la tête
L’Insee a publié, la semaine dernière, sa dernière étude sur la démographie en France. On y apprend qu’« en 2023, 677 800 bébés sont nés en France, soit 6,6 % de moins qu’en 2022. C’est la baisse la plus forte depuis la fin du baby-boom. Les naissances sont en 2023 inférieures de près de 20 % à leur niveau de 2010, dernier point haut ».
Au premier abord, ces chiffres confortent la position de certains hauts fonctionnaires, épousant les thèses des théoriciens de la décroissance, qui prévoient, à partir de 2030, un besoin de logements neufs très faible, de l’ordre de 100 000 logements par an. Le raisonnement peut sembler imparable : une croissance démographique atone, voire négative, n’incite pas à mettre en œuvre une politique ambitieuse de construction de logements neufs.
Ce serait confondre cause et conséquence.
En effet, le désir d’enfant est toujours aussi fort. En moyenne, celui-ci est estimé à 2,4 enfants par femme. Mais dans les faits, il n’est actuellement que de 1,7.
Pourquoi un tel décalage ? Si les explications avancées sont multiples (crainte de l’avenir, éco-anxiété, égalité entre les hommes et les femmes, niveau de vie des jeunes ménages qui n’ont pas les moyens d’accueillir financièrement un enfant), il en est une sur laquelle il convient de s’attarder : les difficultés que rencontrent les jeunes à se loger.
La décision d’avoir un enfant est un choix qui se fait au regard de considérations très personnelles et les enjeux généraux n’ont que très peu d’impacts. Exit donc la crainte de l’avenir ou l’éco-anxiété (trop « théorique »). En revanche, la question du logement (et son corollaire en termes de pouvoir d’achat) est essentielle. La faiblesse de l’offre et la cherté des logements dissuade depuis quelques années les jeunes couples d’avoir des enfants.
Au-delà de la question démographique, la faiblesse de l’offre de logements neufs abordables a aussi un impact conséquent sur l’activité économique.
Lors de la cérémonie des Pyramides d’Argent de la FPI Bretagne à Rennes, le président du jury, Loïc Henaff, par ailleurs président du groupe éponyme, a indiqué avoir été dans l’obligation de réduire ses capacités de production, faute de trouver suffisamment de salariés. En cause, l’absence d’une offre suffisante de logements. Il ne fait qu’illustrer les alertes que lance régulièrement Patrick Martin, président du Medef.
La natalité française et, dans une moindre mesure, l’activité économique de notre pays deviennent des variables d’ajustement de la politique du logement.
C’est dire si la situation est grave.
On marche sur la tête.