Nationale

Editorial du Président

Logement : pourquoi tant de haine ?

Incompréhensible !

Jamais les acteurs de l’immobilier n’avaient été aussi unanimes. Toute la chaîne du logement, les promoteurs immobiliers, les établissements financiers, les entreprises du bâtiment, les bailleurs sociaux et les associations ont demandé avec force, tout au long de la campagne présidentielle, la création d’un ministère de plein exercice dédié au logement, à la ville et à l’aménagement du territoire. Tribunes, manifestes, conférences de presse, rencontres avec les différents candidats ou leurs représentants, pas une seule occasion n’a été mise de côté pour porter ce message : le logement est un sujet trop important pour être cantonné à un simple secrétariat d’Etat ou un ministère délégué.

Malgré ce travail en profondeur, pas de ministère de plein exercice dédié au logement.

Pourquoi un tel déni de la part du président de la République et de la Première ministre ?

Argument souvent avancé : le logement est un sujet beaucoup trop technique pour intéresser les Français et donc les politiques ? Cet argument, à mon sens, n’est pas recevable. Il suffit, pour s’en persuader, de s’attarder un instant sur la composition du gouvernement. Je ne pense pas que les sujets du travail, de la transition écologique, de l’insertion, des solidarités soient moins techniques que celui du logement. Il suffit, pour s’en convaincre, de simplement comparer la taille du code du travail (3 800 pages) et celle du code de la construction et de l’habitation (2 600 pages).

Cette absence est d’autant plus incompréhensible que la transition écologique et le pouvoir d’achat sont les dossiers prioritaires du nouveau quinquennat du président de la République.

S’agissant de la transition écologique, les logements neufs que nous produisons ont les meilleures performances environnementales d’Europe et sans doute du monde. En la matière, nous sommes premiers de la classe, au prix d’un empilement de normes plus que conséquent. Le logement collectif neuf est aussi la forme d’habitat la moins consommatrice d’espaces naturels : le principe de sobriété foncière est prioritaire dans nos projets et la renaturation d’espaces une exigence que nous nous imposons à chaque fois qu’elle est possible.

S’agissant du pouvoir d’achat, le premier projet de loi examiné par le Parlement issu des élections législatives du mois de juin sera, comme l’a annoncé la Première ministre, consacré au soutien du pouvoir d'achat des Français.

Or, le logement représente souvent 30 à 40% des dépenses des ménages. J’ai proposé aux candidats à l’élection présidentielle une série de mesures qui toutes avaient pour objectif de rendre abordable les prix des logements neufs. Nos propositions visant à libérer l’offre de foncier, à inciter les maires à construire plus en les aidant financièrement, à lutter contre les PLU sous-utilisés, à baisser la TVA appliquée sur les logements neufs, ont toutes pour conséquence de diminuer le coût des logements et de baisser le poids du logement dans les dépenses des ménages.

Elles visent toutes, in fine, à rendre du pouvoir d’achat aux ménages à un niveau bien supérieur à celui apporté par les « mesurettes » ponctuelles annoncées par le nouveau gouvernement, telles que le chèque alimentation ou la limitation de la hausse des prix de l’énergie.

Nos propositions n’ont qu’un seul défaut, aux yeux de nos dirigeants. Elles ne produiront leurs effets que dans plusieurs années, le temps que les nouveaux projets soient livrés. C’est beaucoup trop long pour nos politiques qui ne raisonnent qu’à court terme.

Cet état d’esprit n’est plus acceptable. Il faut en finir avec cette vision « court-termiste » des politiques.

C’est pourquoi je me suis exprimé dès l’annonce de la composition du nouveau gouvernement en refusant que le logement soit l’oublié du nouveau gouvernement. Je serai vigilant, combatif et continuerai à porter des propositions audacieuses. L’une d’entre elles pourrait avoir un impact immédiat pour nos concitoyens : la baisse de la TVA sur la vente des logements neufs quand ceux-ci sont issus d’une démolition reconstruction. Sous certaines conditions et le vote d’une disposition législative, l’Europe nous le permet désormais.

Cette mesure aurait une triple vertu : mobiliser un levier européen au bénéfice des Français, inciter à reconstruire la ville sur la ville, rendre du pouvoir d’achat aux Français.

Je souhaite l’évoquer le plus rapidement possible avec la ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Ce sera un premier test.

 

Pascal Boulanger

Président FPI France