Les faits sont têtus
En février 2017, alors candidat à la présidence de la République, Emmanuel Macron avait déclaré que « l'immobilier ne crée pas d'emplois » et avait qualifié ce secteur de « rente ».
Déjà fausse pour le logement ancien, sauf à de rares exceptions où le propriétaire loue son bien sans l’entretenir ni le rénover, cette déclaration est totalement erronée en ce qui concerne le logement neuf. Celui-ci, au même titre que l’immobilier neuf, est une véritable industrie qui créé de l’emploi (deux emplois créés pendant dix-huit mois par logement produit), génère des recettes fiscales (TVA à 20%), permet au reste de l’économie de se développer (sans salariés logés décemment, pas de croissance économique) et fait vivre tout un écosystème (notaires, architectes, bureaux d’étude et de contrôle, déménageurs, cuisinistes, agence immobilières, etc…).
Cette position a déterminé toute la politique du logement pendant près de 7 longues années. Le logement étant une rente, il n’était en conséquence pas nécessaire de le soutenir et de l’accompagner. Au contraire, les pouvoirs publics ont considéré que les mesures de soutien avaient des effets inflationnistes sur les prix des logements, venant enrichir les investisseurs particuliers.
Dans ce contexte, l’étude publiée mi-octobre 2024 par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) est particulièrement instructive en chiffrant, de façon imparable, l’impact énorme de l’erreur d’appréciation du président de la République et de ses gouvernements successifs sur la croissance de notre pays.
La démonstration est imparable.
La croissance des quatre derniers trimestres, qui n’est que de 1%, s’explique pour l’essentiel par le fort redressement du commerce extérieur et par… les dépenses publiques. Ce soutien public à la croissance (0,5 point de PIB sur un an) a pour contrepartie le creusement d’un déficit public qui atteint des niveaux très inquiétants.
En revanche, la baisse, enclenchée depuis plus de deux ans, de l’investissement des ménages dans l’achat de logements neufs a, d’après l’OFCE, amputé le PIB de 0,9 points de croissance entre mi-2022 et mi-2024.
En résumé, l’État a beaucoup investi (en dehors du logement) pour soutenir la croissance, creusant ainsi un déficit qui devient abyssal. Il aurait pu obtenir, à moindre frais, le même niveau de croissance en soutenant l’investissement locatif et en prenant des mesures de simplification et d’accompagnement peu coûteuses pour les finances publiques (voire qui leur rapportent) afin de resolvabiliser les ménages.
L’inefficacité voire l’inanité de la politique des gouvernements précédents se constate de manière irréfutable : d’abord dans la chute de la production de logements neufs, qu’ils soient libres ou sociaux, puis maintenant dans le PIB (près de 1 point de PIB perdu !).
Ils auraient dû s’en rendre compte et comprendre que le logement, c’est de la croissance économique non délocalisable. A vouloir être trop intelligent, on en oublie parfois les fondamentaux. Être malin et faire preuve de bon sens c’est encore mieux qu’être trop intelligent !
Les faits, et les chiffres, sont malheureusement têtus. Nous aussi.
Notre parole ne peut plus être contestée.