Le calme avant la tempête
Nous avons élu un nouveau président de la République le 24 avril dernier, les résultats officiels ont été publiés par le Conseil Constitutionnel quelques jours plus tard et depuis… le temps est comme suspendu.
A l’heure où j’écris ces lignes, le gouvernement actuel, dans l’attente de la démission du Premier ministre, est en stand-by. Certains décrets, utiles à notre profession, comme celui relatif au Pinel + dans les DOM, sont bloqués et ne devraient pas être publiés avant quelques semaines.
Les conseillers ministériels, qui ont été nos interlocuteurs ces dernières années, quittent leurs fonctions les uns après les autres.
Il nous faut maintenant attendre la nomination du nouveau Premier ministre, puis la composition du nouveau gouvernement pour connaître la place accordée au logement. Nous pourrons ainsi apprécier le niveau d’intérêt et l’ambition portée par l’Etat sur la problématique du logement pour ce nouveau quinquennat.
Ce faux plat n’empêche néanmoins pas les instances de la fédération à structurer et peaufiner nos propositions et alertes afin de sensibiliser le nouveau gouvernement à l’enjeu de société que représente le logement.
C’est d’autant plus nécessaire que le programme du président-candidat, comme celui de tous les autres candidats, n’a malheureusement pas été très explicite sur ce sujet, le logement n’ayant pas été, malgré nos interventions répétées, un point central de la campagne des présidentielles. Notons toutefois la volonté d’entamer le nouveau mandat avec une « loi d’exception pour déployer plus vite du logement dans certains territoires ». Ce texte « de grande simplification » s’inspire de la loi relative à l’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Bien que limitées à « certains territoires », une telle initiative a le mérite d’aller dans le sens de nos préoccupations et de répondre, même partiellement, à notre demande visant à mettre en œuvre une pause normative, indispensable et salutaire à la suite des surenchères auxquelles nous avons été confrontés ces dernières années. Le nouveau quinquennat sera peut-être, sur ces aspects, plus apaisé.
Dès la nomination du futur ministre en charge du logement qui, je l’espère, sera de plein exercice, j’irai défendre la nécessité de relancer rapidement et efficacement une offre de logements neufs en complément de la nécessaire rénovation du parc ancien.
Ce rappel sera d’autant plus utile que notre société s’engage dans une nouvelle ère, celle de la sobriété foncière et carbone, qui va profondément impacter notre profession. Les outils de mise en œuvre de cette double sobriété sont d’ores et déjà opérationnels ou vont l’être prochainement. La sobriété foncière, que nous ne contestons pas, à condition d’être accompagnée de mesures en faveur de la ville dense, est organisée dans le cadre du zéro artificialisation nette, dont les décrets d’application viennent d’être publiés. La sobriété carbone ne devrait pas tarder, les travaux destinés à définir la trajectoire carbone de la filière de la construction devant aboutir d’ici la fin de l’année.
Toutes nos énergies vont devoir être mobilisées pour répondre à ces deux enjeux afin d’éviter d’en être victime. Il faut au contraire réussir à en faire des opportunités. Pour cela, rien de mieux que de les aborder avec optimiste, force de conviction et beaucoup d’imagination afin à la fois d’emporter l’adhésion de nos partenaires, les autres fédérations professionnelles, et de faire changer de point de vue les pouvoirs publics qui ont une approche, j’ai déjà eu l’occasion de le dire, qui promeut la décroissance.
Ce moment où le temps est suspendu devrait vite s’achever. Viendra alors le temps de la mobilisation de la fédération des promoteurs immobiliers pour éviter que la sobriété foncière et carbone ne devienne un piège pour notre profession.
Le calme avant la tempête. Nous y sommes ! Nous saurons affronter les défis de ce nouveau quinquennat avec audace, agilité et passion.
Pascal Boulanger, Président de la FPI France