Nationale

Editorial du Président

La rénovation des villes moyennes : impasse ou marché du futur ?

Julien Denormandie restera dans l’histoire du ministère du Logement comme le ministre qui aura le plus mis l’accent sur la rénovation, notamment dans les villes moyennes : un dispositif fiscal tourné vers l’ancien porte son nom, le plan Action cœur de ville qu’il promeut revivifie des centres anciens, des données statistiques sur la rénovation seront bientôt produites par l’Etat à sa demande etc.

Ce volontarisme politique fait écho à un mouvement de pensée qu’on retrouve chez de plus en plus d’élus, d’associations, de journalistes notamment, fondé sur l’urgence climatique et tourné vers la vertu « carbone » de la rénovation du parc. Chez ses plus ardents défenseurs, ce mouvement conduit même à la contestation de la construction et, incidemment, de la métropolisation.

La FPI défend au contraire la nécessité de toujours produire des logements abordables là où les emplois se concentrent. Nous rappelons en particulier cette vérité simple - mais souvent négligée par les décroissants : la rénovation répond d'abord aux enjeux qualitatifs évidents du parc existant, comme la précarité énergétique, mais sur le plan quantitatif, elle est utile si elle remet sur le marché des logements vacants. Or la vacance est la plus significative là où les français ne veulent plus vivre et/ou là où les emplois font défaut.

Pour autant, nous ne pouvons pas non plus rester indifférents à cette pression qui s’installe, et il faut avoir le courage de poser le débat pour notre profession. Entre nous, deux objections ressortent souvent : pourquoi flécher des ressources rares (nos fonds propres et nos équipes) vers un marché techniquement difficile et peu rentable ?

Pourquoi s’impliquer dans des territoires moins tendus, alors que le demande reste forte dans les villes où les prix sont élevés ?

A court terme, ces objections sont vraies. Mais à moyen-long terme, il ne faut pas écarter l’idée que la géographie de notre métier doive changer. Pourquoi ? Parce qu’on autorisera moins de neuf dans les métropoles et parce que les entreprises réinterrogeront leurs implantations (difficile de garder des salariés en zones tendues quand le salaire médian des français est à peine de 1 800 € net/mois).

Si les cartes de l’emploi sont rebattues, un retour vers les villes moyennes n’est donc pas exclu, et dans un contexte de « zéro artificialisation nette », la rénovation s’y imposerait d’elle-même. Mais à quelle échéance, et à quelle échelle ?