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Nationale

Editorial du Président

La grande démission n’est pas là où on l’imagine

La presse s’est fait l’écho, ces derniers mois, de « la grande démission », phénomène qui se caractérise par un départ massif de salariés qui, au sortir du confinement, quittent leur emploi pour consacrer plus de temps à des projets personnels.

Comme souvent, on a amplifié de manière exagérée un mouvement qui reste en réalité très marginal.

En revanche, il existe une autre démission, bien réelle et très préoccupante, voire angoissante, celle de nos responsables politiques locaux ou nationaux qui ne prennent pas la mesure de la crise du logement qui touche notre pays et mettent en œuvre des expédients plutôt que des solutions visant à relancer l’acte de construire.

Deux exemples récents illustrent mon propos.

Le premier m’a été signalé par un ami avocat, fraichement à la retraite et élu d’opposition d’une commune du littoral des Hauts-de-France. Profondément choqué par l’attitude de certains de ses homologues, il m’a alerté sur leur posture incohérente qui consiste, face aux difficultés rencontrées par leurs concitoyens à se loger, à vouloir lutter « contre les résidences secondaires ». Comme si nous savions précisément, avant de lancer une opération, quel sera la typologie de nos clients (habitat principal, secondaire, investissement locatif).

Cette posture est peu différente de celle de certains maires du Pays Basque qui, face à la hausse des prix des logements due à la raréfaction de l’offre, proposent comme seule solution d’instaurer un permis de résident : seuls les habitants présents depuis deux ans sur le territoire auraient le droit d’acheter un logement.

Plutôt que relancer l’acte de construire pour répondre aux besoins de logements, ces élus préfèrent préconiser la mise en œuvre de solutions consistant à faire le tri entre différentes catégories de citoyens, les résidents locaux passant avant les autres.

Une telle attitude est profondément choquante et me rend particulièrement pessimiste sur l’état d’ouverture de notre société. Je me pose même la question de la constitutionnalité d’une telle mesure…

Tout aussi préoccupante est l’absence de vision de notre gouvernement sur la question du logement. Celle-ci laisse le champ libre aux techniciens qui, peu à peu, imposent leur dogme : celui de la décroissance.

La promotion de la décroissance s’impose via deux canaux : le premier, le plus évident, passe par l’expertise. Les débats se font dorénavant sur la base de simulations inquiétantes portées par l’administration : produire seulement 150 000 nouveaux logements par an quand on sait qu’il en faudrait 500 000 par an pour couvrir les besoins et rattraper le retard.

L’autre canal est plus pernicieux et passe par l’excès de réglementation. Gaspard Koenig le mentionnait encore récemment en citant Max Weber : « Nous avons atteint un seuil de stratification technocratique au-delà duquel le rôle du politique devient anecdotique ».

Nous y sommes.

Il nous faut refuser cette « grande démission » en réaffirmant, à tous les niveaux, notre Appel de Strasbourg et en demandant l’instauration d’une véritable Stratégie Nationale du Logement qui fixe une nouvelle ambition, partagée par tous, et notamment les élus locaux et nationaux.

C’est le bon moment, la réunion de lancement du Conseil National de la Refondation ayant conclu à la nécessité « de porter une attention spécifique au thème du logement ». Le message semble avoir enfin été entendu par l’Élysée.   

À force de taper sur un clou, il s’enfonce.

 

Pascal Boulanger, Président de la FPI France