Nationale

Editorial du Président

Imposer plutôt que subir

L’éditorial de fin d’année est, en général, un exercice assez convenu. C’est l’occasion de faire à la fois un bilan de l’année écoulée et surtout de se projeter dans l’avenir et de dresser des perspectives.

Je vais, cette année, déroger à la tradition et faire « un pas de côté ». Deux événements récents, que l’on pourrait presque considérer comme anecdotiques, m’y incitent. Pour anecdotiques qu’ils soient, ces deux événements sont l’illustration d’un des maux dont souffre notre profession : nous sommes victimes de jugements à « l’emporte-pièce », souvent à charge et encore plus souvent non documentés.

Il y a d’abord eu, il y a un mois, la publication d’une note à « visée pédagogique » sur la politique du logement produite par la Cour des Comptes et destinée à informer nos concitoyens à un moment clé de la vie démocratique, celui du choix du futur ou de la future président(e) de la République. On y lit que « la méconnaissance des besoins conduit à surestimer le nombre de logements à construire, en ne prenant pas suffisamment en compte la part croissante des logements vacants depuis 2006 (plus de 8 %, selon l’Insee, en décembre 2020) ».

Le raisonnement de la Cour des Comptes s’arrête là : pour répondre aux besoins de logements, il suffit de privilégier la remise sur le marché des logements vacants préalablement rénovés plutôt que construire de nouveaux logements. Un tel raisonnement fait abstraction des mises en garde de l’Insee, qui précise pourtant que « la vacance peut provenir d’une inadéquation de l’offre avec la demande en matière de taille, localisation, prix, par exemple, ou correspondre à des logements en mauvais état. Il peut aussi s’agir de logements inoccupés sans être pour autant immédiatement habitables ». Croire qu’il suffit de réduire la vacance dans les logements pour répondre, en grande partie, aux besoins est faire preuve d’un dogmatisme inquiétant.

Deuxième exemple : un article publié dans le journal « Le Monde » du 28 décembre dernier, qui débute par une affirmation pour le moins « étonnante » : « Face à la médiocrité et la standardisation de la production de logements neufs … ». Pour illustrer cette affirmation, la journaliste s’appuie notamment sur les rapports Girometti-Leclerc ou encore celui de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (Idheal). Ces rapports qui restent sujets à caution du fait d’une analyse portant sur un échantillon beaucoup trop faible sont pourtant pris pour argent comptant, sans que nos contrarguments ne soient évoqués voire cités.

J’ai bien évidemment exprimé mon étonnement auprès de la journaliste et me suis inscrit en totale contradiction avec de tels propos.

Au-delà de l’agacement que ces diverses affirmations suscitent, il convient d’en tirer les leçons et de lancer une contre-offensive.

C’est pourquoi, et j’ai déjà eu l’occasion de l’exprimer lors de mes déplacements dans une dizaine de chambres régionales, j’ai pour ambition que la Fédération des promoteurs immobiliers devienne, sous une forme qui reste à déterminer, l’Insee du logement. Nous devons pouvoir disposer de nos propres données que nous maîtriserons et exploiterons pour apporter un éclairage objectivé et raisonné dans le débat public. Il s’agira, sur la base d’études qui doivent devenir de références, de porter la contradiction aux affirmations non étayées qui viennent parasiter voire phagocyter la pensée des décideurs publics. Il s’agira, à terme, d’imposer les débats plutôt que les subir.

En tout état de cause, soyez assurés de mon engagement et de ma détermination. Vous pouvez compter sur moi.

Fort de cette ambition, je nous souhaite une très belle année 2022, offensive et dynamique. 

 

Pascal Boulanger, Président FPI France