Gagner la bataille des symboles
Derrière chaque décision des pouvoirs publics dans notre secteur, même les plus techniques, il y a un symbole, une histoire, un récit à portée politique. Citons trois exemples :
Cette semaine, la ministre du Logement a annoncé la création d’une « task force » pour définir « avant l’été » un « référentiel qualité » des logements neufs. Le message : « l’Etat est préoccupé par la qualité de vie des français, il agit sans délai pour pousser la production vers une nouvelle qualité, post-Covid et bas-carbone ».
Cette semaine également, le Gouvernement a présenté le projet de loi « climat et résilience » qui vise à diviser par deux le rythme d’artificialisation des sols. Le message : « les collectivités locales ont gaspillé les terres agricoles et les opérateurs ont cédé à la facilité de la bétonisation, l’Etat agit donc avec vigueur pour les discipliner et sauver le climat ».
Dernier exemple : la RE 2020. Le message : « le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre, après les transports, l’Etat agit donc sur la production neuve pour la rendre enfin vertueuse sur le plan du carbone ».
La difficulté, pour nous professionnels, c’est que notre discours est sur un autre registre : celui de la réalité et de l’opérationnalité. Les logements seraient trop petits ? Nous répondons qu’un label unique n’est pas une solution, pour des opérations et des marchés très différents. Trop d’étalement urbain ? Nous répondons qu’il faut de la densité dans les PLU, mais qu’on nous la refuse. Trop d’émissions de GES ? Nous répondons que les enjeux sont plus dans l’ancien que dans le neuf, déjà très performant.
Nos réponses de praticiens pragmatiques, inspirées de l’expérience de terrain, ne suffisent pas si nous ne trouvons pas le récit concurrent de celui des pouvoirs publics et si nous ne racontons pas notre propre histoire : celle d’une profession qui met la qualité dans la ville, qui répond aux aspirations de ses clients, qui accompagne la transformation des usages etc.
Nous avons le savoir et le savoir-faire. A nous de renforcer le faire-savoir.