Nationale

Editorial du Président

A force de taper sur un clou, il s’enfonce !

Depuis maintenant de longs mois, nous demandons un discours fort de la part du président de la République sur le logement.

C’est pour partie chose faite.

Pour partie, car cette prise de parole s’est faite lors d’un échange avec Olivier Salleron, président de la FFB, et diffusé lors des 24 heures du bâtiment. Ces propos, entendus seulement par le public des professionnels du bâtiment présents au parc des expositions de Paris-Versailles, auraient mérité un relais plus large auprès des médias et des maires, premiers concernés par l’acte de construire, voire de la population afin qu’elle entende la nécessité de produire des logements.

Depuis quelques semaines, ce sujet revient dans les débats parlementaires, alors qu’il a été le « grand oublié » de la campagne présidentielle, malgré les nombreuses interpellations des fédérations professionnelles concernées, dont la fédération des promoteurs immobiliers.

La présidente de l’Assemblée nationale en a même fait le thème de sa première Assemblée des idées il y a quelques jours avec cette question qui résonne comme un aveu « qu’est-ce qu’on n’a pas encore tenté ? ».

Tout indique que ce sujet prend de l’ampleur : les responsables politiques commenceraient-ils à redouter une inévitable « bombe sociale du logement » que j’annonce depuis trop longtemps.

Alors que les ministres des finances et du budget ont annoncé une remise à plat de la fiscalité immobilière en 2023, le ministre Olivier Klein lancera lundi 28 novembre un conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement. Les questions auxquels les participants devront répondre (comment redonner du pouvoir d’habiter aux Français ? – comment réconcilier le pays avec l’acte de construire ? – comment faire du logement l’avant-garde des transitions écologiques et démographique ?) sont en ligne avec les messages que nous portons. De ce fait les propositions de notre Appel de Strasbourg trouveront naturellement à s’intégrer dans les débats du CNR.

Il conviendra néanmoins d’être vigilant pour que les débats soient menés sur une analyse objective de la situation.

Ainsi, le président de la République a parfaitement compris que « trop de collectivités territoriales [bloquaient] les permis de construire » et qu’il fallait « continuer à simplifier les procédures ».

En revanche, l’urgence de la situation n’est pas encore identifiée par Emmanuel Macron, qui semble penser que la crise n’interviendra qu’en 2023. Pourtant, la crise est bien là. Les chiffres de l’Observatoire, sur lesquels nous avons communiqués, mettent en exergue une chute des ventes de près de 20% et si la tendance continue, tous les indicateurs que nous suivons seront inférieurs cette année à ceux de 2020, année Covid.

De même, penser que la solution viendra, au moins partiellement, des investisseurs institutionnels (« il faut mobiliser les investisseurs institutionnels ») est une erreur. C’est pourquoi nous préconisons la création du statut du bailleur privé pour les investisseurs particuliers.

J’ai eu l’occasion de le mentionner lors de la conférence de presse du 17 novembre dernier. La remontée des taux d’intérêt, la hausse des coûts de construction, l’inflation ont été autant de raisons pour ceux-ci d’arrêter d’investir sur le marché du résidentiel. On ne peut bâtir une stratégie en misant sur un seul type d’acteur.

Félicitons-nous toutefois de cette prise de conscience en espérant que celle-ci ne soit pas trop tardive et qu’elle soit suivie d’effet.

A nous d’œuvrer pour centrer les débats et lutter contre les erreurs de jugement qui persistent encore et toujours, préjudiciables à la mise en œuvre des vraies solutions.

 

Pascal Boulanger
Président de la FPI