Fierté du promoteur
D’autres l’ont dit avant moi, nous vivons dans un pays qui ne s’aime plus – ou pas beaucoup, ou pas assez. Un pays qui écoute plus ceux qui le flétrissent que ceux qui l’honorent, qui se réjouit de ses échecs et minimise ses succès.
Je laisse le soin aux sociologues d’expliquer ce trait de caractère, mais je me sens le droit de témoigner de ses effets sur notre secteur économique. Si l’on en croit les observateurs, commentateurs et décideurs, il n’y aurait pas d’autre urgence, en France, que la restauration de la qualité de la production immobilière. Plus que dans n’importe quel autre pays, nous ferions trop petit, trop cher, trop bas, trop dense (en même temps que pas assez dense, d’ailleurs…). Il faut donc faire des chartes locales, un référentiel national, un label RE 2020 etc.
Sans être dans le déni des améliorations que nous pouvons toujours apporter à notre production, comme n’importe quel secteur économique, je ne partage pas ces critiques, pour deux raisons : les débats que nous avons avec nos homologues européens dans le cadre de Build Europe montrent que notre production ne souffre pas de la comparaison avec les exemples étrangers ; si nous rencontrions à ce point des problèmes de qualité de conception, aurions-nous réussi à vendre 160 000 logements en 2019 ? Les institutionnels reviendraient-ils vers nous pour acquérir des milliers de logements en bloc ?
Je veux au contraire défendre notre métier contre ces attaques qui tiennent, au fond, à un décalage de perception entre les pouvoirs publics et les habitants : les élus, nationaux et locaux, projettent sur le logement neuf des attentes qui ne sont pas celles de nos clients – à telle enseigne, d’ailleurs, qu’on chercherait en vain, dans leur discours, la préoccupation de la maîtrise des prix, pourtant cardinale pour les acquéreurs.
La promotion, aujourd’hui, embellit les villes, y apporte de la qualité et du service, suit l’évolution des usages, participe du développement durable, le tout dans un faisceau de contraintes (juridiques, économiques, contentieuses, techniques etc.) que peu de professions subissent à ce point. Je suis fière de ce que nous faisons et j’entends bien ne pas laisser caricaturer notre profession, qui a sa noblesse et sa vertu. Continuons d’écouter nos clients et d’améliorer nos produits sans nous laisser intimider par tous ceux pour lesquels le logement de qualité, c’est celui qu’on ne construit pas.