Faisons du bruit pour que la construction de logements s’invite dans la campagne électorale !
Parfois, certains signaux laissent espérer une prise de conscience. Il faut en prendre acte, s’en réjouir et accompagner ce battement d’aile de papillon qui pourrait – enfin ! - installer le thème du logement dans le débat politique :
- Quand le président de la République, devant les Maires réunis en Congrès, concède que « si nous avons réussi à enclencher une politique globale de rénovation des logements, nous avons, encore aujourd’hui, un problème de construction de logements neufs qui demeure »,
- Quand le Premier ministre installe la Commission Rebsamen, quand il reconnait au Sénat une situation du logement « préoccupante » et déplore que « certaines équipes municipales [aient] décidé de moins construire »,
- Quand la commission des finances du Sénat, par la voix de son rapporteur spécial Logement, craint aller « vers la plus grave crise du logement depuis 1954 » et propose l’organisation de débats sur plusieurs politiques publiques, dont celle du logement où « il [y] serait notamment question des réticences des maires à délivrer des permis pour la construction de logements »,
- Quand le président de l’Association des Maires de France, à peine élu, indique que la nouvelle équipe s’attellera à « travailler sur l’articulation entre les besoins en logement et l’objectif du zéro artificialisation nette »,
- Quand les journalistes et les chroniqueurs commencent à s’interroger sur le logement, angle mort de la campagne, qui représente peu ou prou 30% du budget des familles (à mettre en regard du chèque énergie de 100 € qui a saturé l’espace politique et médiatique pendant des jours),
Alors, le temps est peut-être venu d’inscrire cette préoccupation majeure des Français à l’agenda politique. Quelques préalables seront toutefois nécessaires à un débat constructif et apaisé :
- Cessons de compartimenter les approches : logement social, logement intermédiaire, logement libre ou accédants vs locataires. C’est le parcours résidentiel qui doit guider toutes les parties prenantes au débat y compris les professionnels et je forme le vœu que nous portions d’une seule voix quelques grandes priorités. Je prendrai une initiative en ce sens auprès de mes homologues.
- Avant de raisonner en approche comptable, fiscale ou budgétaire, demandons déjà aux Français comment ils souhaitent habiter en France aujourd’hui… et demain : comprendre les attentes des premiers intéressés peut être utile pour éclairer les choix de Bercy. Dans les entreprises cela s’appelle des enquêtes-clients !
- N’opposons pas la rénovation du parc ancien à la construction neuve : la diversité des habitats, dès lors que ceux-ci s’inscrivent dans la nécessaire transition énergétique, est une richesse pour nos territoires. Préservons notre patrimoine existant mais construisons celui de demain, qui sera durable et respectueux de nos sols.
- Quand la Fondation Abbé Pierre estime à 4 millions, le nombre de mal logés, peut-on encore sérieusement appeler à une baisse drastique de la construction neuve avec toutes les conséquences sociales et économiques que cela impliquerait ?
- Enfin, il est toujours utile de rappeler que les permis de construire d’aujourd’hui seront les logements de demain et qu’un programme immobilier met en moyenne 5 ans entre le dépôt du permis et la remise des clés. La baisse des permis délivrés depuis 2 ans porte en germe une crise du logement aigue d’ici 2 à 3 ans.
- Sachons reconnaître les avancées positives, d’où qu’elles viennent et sans stigmatisation : la mobilisation de toutes les énergies participera de notre réussite collective.
Alors, le logement émergera-t-il véritablement et sérieusement dans le débat public comme une priorité nationale ? C’est absolument nécessaire et je consacrerai pour ma part et au nom des adhérents de la FPI, toute mon énergie pour y parvenir !
Pascal Boulanger, Président FPI