Faire entendre notre voix
Rares sont les moments où la question du logement fait l’objet de débats médiatiques. La présentation par la fondation Abbé Pierre, chaque année, du rapport sur l’état du mal logement en est un. Cette année a été particulière : tous les candidats à l’élection présidentielle ont été invités à présenter leurs propositions concernant le logement et un échange de près d’une heure a eu lieu entre le président de la République et le délégué général de la fondation.
En raison du public auquel s’adresse la Fondation Abbé Pierre, il a été question, assez logiquement, de logement social et d’hébergement, d’aides de l’Etat, de complexité administrative, etc. La problématique de l’habitat a été abordée par le seul prisme du logement aidé et très aidé occultant les autres segments de la chaîne globale du logement. Or, c’est précisément parce qu’il y aura suffisamment de logements libres ou intermédiaires que le parcours résidentiel des locataires du parc HLM sera encouragé dès lors que l’évolution de leurs ressources le permettra. Justement, à propos du logement intermédiaire, à un seul moment, fugace, il en a été question et le président de la République a reconnu la nécessité de mettre en œuvre une politique plus volontariste en faveur du logement locatif intermédiaire afin d’assurer une fluidité plus grande dans le parcours résidentiel de nos concitoyens.
Les quelques débats médiatico-politiques liés au logement (Fondation Abbé Pierre ; publication des études Insee ; présentation du rapport Girometti-Leclerc) sont bien souvent anxiogènes et culpabilisants : nous ne construisons pas assez bien, trop cher, trop petit, etc.
Pourtant, nous, promoteurs, n’avons pas à rougir de nos réalisations et de l’impact que nous avons sur la société française.
Nous sommes les acteurs incontournables de la fabrique de la ville : sans les promoteurs immobiliers, pas de reconstruction de la ville sur la ville ni de densité, pas de requalification urbaine, pas de disparition des îlots insalubres.
Nous permettons aux Français, avec l’aide des différents dispositifs fiscaux existants (Pinel, Censi-Bouvard, etc.), de disposer d’un patrimoine pour leur retraite.
Tout cela n’apparaît pas dans les débats actuels.
Ce constat m’amène à souscrire totalement à l’idée que m’a suggérée Eric Verrax, ancien vice-président de FPI et actuel président du Centre d’étude sur la conjoncture immobilière (CECIM) et qui consisterait à publier, tous les ans, une étude sur le « Logement des Français ». Elle donnerait à voir la situation globale du logement en France, s’éloignant ainsi des approches segmentées et donc partielles.
Cette vision globale du marché de l’immobilier résidentiel, que nous porterions, peut être avec d’autres partenaires, aurait l’avantage de mettre en perspective tout l’apport de notre profession, et sortir ainsi de la lecture partiale à laquelle nous sommes trop souvent confrontés.
C’était pour répondre à cette ambition que j’avais, dans un de mes précédents éditos, mis en exergue la nécessité pour la FPI de maîtriser les données sur le logement au travers de la création d’un « Insee du Logement ».
C’est un travail considérable, il ne se fera pas en un jour, mais il en vaut la peine !