Être unis et transpartisans
Lors de sa dernière conférence de presse, le 9 mars dernier, la FPI a alerté sur la violente chute des ventes de logements neufs qui alimente une crise du logement déjà aigüe pour les Français. La presse l’a compris : les difficultés que traverse notre secteur ne sont que les prémices d’une crise profonde, sociale et économique. Elle s’ajoute aux fortes tensions dans notre pays.
Seules des décisions politiques puissantes et rapides permettront d’éviter la bombe sociale du logement, selon les termes d’Olivier Klein.
Le ministre en charge de la ville et du logement a effectivement bien conscience de la situation. Lors de mon échange avec lui au salon du MIPIM, il s’est montré inquiet pour notre profession et en total soutien aux professionnels de l’immobiliers qu’il qualifie de « chance pour la France » ! Merci à lui.
Ces messages ont également été entendus par Christophe Béchu, ministre de la transition écologique. Il a en effet, en réaction à l’étude sur l’évaluation des besoins que nous avons présentée le 9 mars dernier, précisé l’objectif que se donnait le gouvernement de produire 370 000 nouveaux logements par an, bien au-dessus des estimations portées jusqu’à présent par l’Ademe et que nous avons régulièrement contestées.
Comme j’ai eu l’occasion de le mentionner dans mon édito précédent, nous disposons dorénavant des moyens, grâce aux études que nous lançons et aux datas que nous sommes les seuls à posséder, d’imposer les thématiques plutôt que les subir.
Ces acquis demeurent néanmoins très fragiles, en particulier dans le contexte actuel.
C’est pourquoi nous devons nous montrer unis et ne porter qu’un seul et même message sur l’état de la conjoncture du logement. Chacun d’entre nous doit, aujourd’hui et en toute circonstance, se considérer comme un porte-parole de la profession.
La plupart d’entre vous le fait, et je vous en remercie. Parler d’une seule voix est essentiel.
Cette unité doit également prévaloir entre acteurs de l’acte de construire, promoteurs, aménageurs, bailleurs sociaux, élus, associations œuvrant en faveur des personnes défavorisées.
Le logement est systémique : sans logements sociaux nous ne pourrions pas, très souvent, proposer des logements en accession. Sans logements locatifs privés (Pinel notamment) et sans logements en accession, nous ne pourrions pas, dans de très nombreux cas, produire de logements sociaux.
Le logement est également un système en équilibre très fragile et, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, on ne peut faire évoluer ce système qu’avec la main qui tremble.
Malheureusement, cette évidence n’est pas encore partagée par tous. La lecture des propositions produites dans les différents groupes de travail du CNR Logement montre que certains acteurs sectoriels ont une vision corporatiste de la question du logement et préconisent des mesures allant à l’encontre d’autres secteurs : limiter le nombre de logements pouvant être acquis par un particulier, instaurer un permis de louer, supprimer l’avantage fiscal lié au Pinel pour en faire bénéficier le logement social, etc.
Ce n’est pas acceptable. En nous opposant au lieu de chercher à construire du consensus, nous nous fragilisons. Qui pense sérieusement, à titre d’exemple, que le ministère des finances va réallouer au logement social les gains qui seraient issus de la suppression de l’avantage fiscal lié au Pinel ?
J’en appelle à une unité « transpartisane » … nous en sommes encore loin.
Pascal Boulanger, Président FPI France