Nationale

Editorial du Président

En finir avec le mythe des grands logements

Les promoteurs sont souvent confrontés à la demande des élus de construire plus de grands logements. La trop petite taille des logements produits fait d’ailleurs partie des critiques récurrentes contre les dispositifs de soutien au logement intermédiaire (Pinel…). Sur ce sujet, la FPI fait depuis longtemps valoir que face aux évolutions de notre société (décohabitation, célibat, mobilité …) la demande en grands logements est en réalité assez réduite, dans le secteur libre comme dans le logement social. Dialogue de sourds …

 Dans ce débat, quatre idées mériteraient d’être mieux mises en avant :

  • Le coût des grands logements peut représenter un frein. Si l’on parvenait à le diminuer, les promoteurs pourraient en construire davantage. Or sur le coût de revient, la sphère publique a des leviers : mise à disposition de foncier, allègement des normes, diminution de la fiscalité, développement du BRS pour le secteur libre etc.
  • Les logements que nous produisons seront encore là dans 50 ans, or à cet horizon, la taille des ménages aura continué de diminuer : 2 personnes en 2050 contre 2,21 en 2015. A cette date, les plus de 60 ans représenteront 32 % de la population, contre 23 % en 2010. Le besoin de grands logements est donc plutôt derrière nous
  • A l’ère du bas carbone, les grands logements sont synonymes de plus de matière, plus de chauffage, moins de densité et moins d’espace pour la nature en ville 
  • En même temps que s’affirme l’esprit communautaire, le bâti offre de plus en plus d’espaces partagés, ce qui va naturellement tirer vers le bas les surfaces privatives. 

 Et les français, dans tout cela, que veulent-ils ? La réponse n’est pas si simple : dans les métropoles où nous produisons beaucoup, l’écart entre la taille idéale et la taille réelle du logement est de 15 m2, mais les français n’y attachent finalement qu’une importance relative, puisqu’ils ne citent « un habitat spacieux » qu’au 6ème rang des critères qui importent le plus dans le choix d’un logement, loin derrière un « habitat confortable » et un « habitat sain ».

 L’enjeu aujourd’hui est donc moins dans un débat « grands/petits » qui, dans les faits, est déjà tranché, que dans la transformation des logements et que leur taille ne soit plus un sujet et qu’ils soient plus désirables. Cela passe par des réflexions sur leur agencement, leur ameublement, leur évolutivité, le partage d’espaces – autant de champs qu’il appartient à nos entreprises d’explorer.