Ecoutons ce que les Français ont à nous dire
La ministre du Logement s’est réjouie, le 17 mars dernier, des bons chiffres de la construction de logements en France en annonçant un nombre de permis de construire délivrés sur l’ensemble du quinquennat actuel supérieur de plus de 100 000 logements à celui du précédent, soit 2,3 millions de logements.
Cet optimisme doit malheureusement être relativisé. Le nombre de logements commencés est toujours en deçà de celui des logements faisant l’objet d’un permis de construire. En 2021, moins de 400 000 logements sont sortis de terre. L’objectif de production de 500 000 logements par an, niveau minimum pour répondre aux besoins et résorber le déficit de ces dernières années, n’est toujours pas atteint. L’inadéquation entre une offre trop basse par rapport à la demande conduit progressivement à l’exclusion des classes moyennes de l’accès à la propriété.
La pédagogie étant l’art de la répétition, je martèle ce message auprès des pouvoirs publics afin qu’une prise de conscience s’opère et que des mesures énergiques soient prises pour encourager, partout où les besoins existent, la construction de logements collectifs, naturellement respectueux de l’environnement.
Aussi incompréhensible que cela puisse paraître, la technostructure de Bercy ne perçoit pas encore l’enjeu économique mais surtout social, voire sociétal, de produire massivement des logements pour redonner du pouvoir d’habiter aux Français.
En revanche, nos concitoyens l’ont parfaitement compris.
L’enquête que la fédération des promoteurs immobiliers a commandée auprès du cabinet d’études Elabe le montre : 8 Français sur 10 considèrent que la situation actuelle du logement est mauvaise concernant son coût (prix au m2, conditions pour emprunter) et que trouver un logement s’avère un parcours du combattant. Plus instructif : 7 Français sur 10 considèrent qu’il est nécessaire de construire plus de logements.
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Une autre enquête, réalisée par OpinionWay pour le compte d’Artémis Courtage, vient conforter et enrichir les enseignements de l’enquête Elabe. La part des Français pessimistes sur la situation économique du marché de l’immobilier, qui a atteint un point bas en septembre 2021 pour s’établir à 46%, vient de s’inverser et grimpe fortement pour atteindre 55%, soit une augmentation de 9% en six mois.
L’augmentation est encore plus spectaculaire pour les jeunes de 18 à 24 ans : ils n’étaient que 38% à être pessimistes en septembre 2021. Ils sont 62% en mars 2022. La hausse est vertigineuse. Ce sont les jeunes également les plus nombreux (55% d’entre eux) à considérer que l’enjeu de l’accès à la propriété doit être au cœur du débat électoral.
Nous sommes à un point de rupture. Pourtant, certaines structures chargées de conseiller le gouvernement continuent de préconiser la stabilisation de la production de logements neufs à 145 000 logements par an, faisant fî de la croissance avérée du nombre de ménages.
Mais pour la population, et particulièrement les jeunes, la crise du logement est une réalité maintenant bien comprise. J’ai l’habitude de dire que ma génération, à 25 ans, se lançait dans le projet d’une vie avec l’achat d’un premier logement. Ce rêve, qui devenait réalité pour nous, est désormais inaccessible pour les jeunes générations et elles l’expriment fortement à travers l‘enquête OpinionWay.
Nos dirigeants et nos élus doivent enfin entendre cette aspiration légitime, portée fortement par nos concitoyens, et notamment les plus jeunes d’entre eux et que nous relayons inlassablement.