Nationale

Editorial du Président

Crescendo

Les pouvoirs publics font preuve d’une étrange passivité face à la crise du logement et les débats qui se sont tenus lors de la rencontre des entrepreneurs de France (la REF), organisée par la MEDEF tous les ans à la fin du mois d’août, ne font que confirmer cette analyse.

Patrick Martin, le nouveau président du MEDEF a rappelé dans son discours d’ouverture de la REF, en s’adressant à la Première ministre, que la hausse des taux avait un impact considérable sur les secteurs essentiels que sont l’immobilier et le logement. Il a notamment insisté sur le fait que les enjeux de ces secteurs en termes de PIB et d’emploi sont, à l’heure actuelle, « ignorés par nos dirigeants ».

Il a également précisé, et je l’en remercie, qu’il était, dans le contexte actuel, particulièrement grave de déstabiliser encore plus les dispositifs d’incitation à l’investissement locatif (le Pinel).

Ne tenant pas compte de cette mise en garde, la Première ministre a simplement acté le fait qu’il fallait donner de la visibilité aux entreprises du bâtiment et du logement en luttant contre la complexité de la norme qui bloque ou ralentit les projets. Comme seule initiative, elle a, à l’instar de ses prédécesseurs, proposé aux chefs d’entreprises présents, dont de nombreux promoteurs, de recenser ensemble les principaux irritants afin de les lever.

Les déclarations du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique n’ont fait que renforcer ce sentiment de déconnexion totale avec les acteurs de l’immobilier et du logement. À ses yeux, seuls les enjeux de la transition écologique et de l’intelligence artificielle doivent requérir l’attention totale de l’Etat. La question du logement est dorénavant « cachée » par les sujets de la transition écologique, comme l’a mentionné la Présidente Directrice Générale et co-animatrice du Conseil national de la refondation dédié au logement, Véronique Bédague, lors de la table ronde sur les défis démographiques.

Face à ce déni persistant, l’union de toutes les forces de la filière s’est imposée et nous confère désormais une puissance d’intervention qui va aller crescendo dans les prochaines semaines.

En clôture du Congrès de la FPI au mois de juin dernier, l’acte fondateur du regroupement des fédérations de l’écosystème de l’acte de construire a été posé.

Parce que le péril est réel, nous parlerons d’une seule et unique voix. Le poids économique de nos différents secteurs (métiers du bâtiment, promoteurs, bailleurs sociaux, architectes, agents immobiliers, économistes de la construction, notaires, etc.) rend nos prises de position incontournables et ne peut pas laisser le président de la République et son gouvernement indifférents.

Si ce n’était pas le cas, si notre voix collective n’était pas entendue, l’exécutif porterait, notamment devant les jeunes générations qui ne peuvent déjà plus se loger, une très lourde responsabilité.

Pascal Boulanger, Président de la FPI France