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Coût de construction : ne pas baisser la garde

L’Ukraine est le théâtre d’une crise humanitaire majeure à laquelle notre profession ne reste pas indifférente. C’est pourquoi j’ai souhaité que la Fondation FPI, dont Philippe Depasse assume désormais la présidence, se mobilise, en lien direct avec la Fondation de France, pour agir vite et utilement auprès des familles ukrainiennes réfugiées.

Au-delà de ce drame humain qui nous touche tous, il est également de ma responsabilité, en tant que président de la FPI, de me préoccuper des conséquences que le conflit en Ukraine pourrait avoir sur nos activités, notamment du fait d’une hausse conséquente des coûts de construction liée à la hausse des prix de l’énergie et de la pénurie de certaines matières premières.

Dans ce contexte, nous sommes soumis à des injonctions contradictoires. En amont, les entreprises du bâtiment souhaitent répercuter in extenso les hausses des prix des matières premières et des matériaux imposées par leurs fournisseurs. A l’aval, nos clients, souvent à la limite des seuils maximums d’endettement fixés par le Haut Conseil à la Stabilité Financière, sont dans l’incapacité d’absorber la moindre augmentation des prix des biens qu’ils acquièrent.

Il est vital pour notre profession de ne pas jouer le rôle de variable d’ajustement. C’est tout le sens de la décision prise par le Conseil fédéral de la FPI et que j’ai toujours défendue. Nous n’avons jamais accepté les demandes répétées de certains de nos partenaires, souvent relayées par les services du médiateur des entreprises, de prévoir systématiquement des clauses d’indexation des prix dans nos marchés. Opposés, comment toujours, à une gestion centralisée et technocratique des relations entre acteurs économiques, nous avons mis en avant la nécessité de traiter ce sujet au niveau local entre les entreprises de promotion immobilière et leurs partenaires (acteurs locaux de la filière du bâtiment et des travaux publics). C’est au niveau local, dans le cadre de négociations, et parce que vous avez souvent su tisser des relations étroites avec vos fournisseurs et prestataires, que vous avez la capacité de trouver des solutions ensemble. Vous savez faire preuve d’innovation dans les actions à mettre en œuvre afin qu’elles soient compatibles avec les contraintes de chacun. Souvent, vous avez accepté, en contrepartie d’une stabilité des prix, de ne pas appliquer de pénalités de retard.

Votre sens des responsabilités a porté ses fruits. Le médiateur des entreprises, avec lequel je me suis entretenu lundi dernier, l’a reconnu : un seul litige, non résolu au niveau local, fait l’objet d’une procédure de conciliation à son niveau et est en passe d’être réglé. Et surtout, l’idée de prévoir systématiquement des clauses d’indexation dans les contrats passés avec les entreprises du bâtiment a été abandonnée.

Le pire n’est jamais sûr et il est encore trop tôt pour apprécier toutes les conséquences du conflit en Ukraine sur l’évolution des prix.

Cette position des pouvoirs publics reste à mon sens fragile, l’inflation devant sans doute s’installer durablement à des niveaux jamais atteints depuis de très nombreuses années et de nouvelles pénuries étant à prévoir.

Gardons toutefois le calme des vieilles troupes.

Je ferai un point très prochainement en Conseil fédéral pour m’assurer que la situation actuelle reste sous contrôle et qu’il n’existe pas d’abandon de projets devenus non rentables du fait de prix trop élevés pratiqués par les entreprises du bâtiment.

Si tel n’était pas le cas, je ne manquerais pas d’alerter immédiatement le Médiateur des entreprises et son ministre de tutelle, M. Bruno Le Maire, afin que des solutions soient trouvées collectivement, chaque acteur devant faire preuve du même sens des responsabilités que celui que vous avez montré.

 

Pascal Boulanger

Président FPI France