Nationale

Editorial du Président

Comparaison n’est pas raison, mais…

Il y a des semaines où l’actualité parle d’elle-même. Trois événements récents suffisent à résumer, mieux que de longs discours, la différence de regard portée sur le logement, ici et ailleurs.

À Londres, le maire Sadiq Khan a fait une déclaration forte lors du Mipim : construire un nombre record de nouveaux logements dans la capitale britannique, avec un objectif assumé de 88 000 logements par an. "Rien ne se substitue à la construction de nouveaux logements", a-t-il rappelé, soulignant qu’il n’y a pas de solution durable sans offre massive. Et surtout, l’ambition londonienne ne repose pas sur la contrainte, mais sur l’alliance entre investisseurs et intérêt collectif.

Le London Plan, qui structure l’aménagement urbain de la capitale, n’oppose pas rentabilité et utilité sociale : il encourage les investisseurs à faire des bénéfices tout en imposant 35 % de logements abordables, accompagnés d’aides publiques. Résultat : des records de logements sociaux construits, une filière immobilière soutenue, et une ville qui anticipe l’avenir plutôt que de le redouter.

Pendant ce temps, en France…

  • Une mission flash parlementaire est lancée pour évaluer et peut-être renforcer l’encadrement des loyers, présenté comme une mesure de justice sociale, mais qui ralentit la mise en location de nombreux biens et fige un marché déjà grippé.
  • Le coliving, solution souple adaptée à certains styles de vie, est désigné comme un « fléau immobilier ». Un sénateur va jusqu’à affirmer que « le coliving est une nouvelle forme d’économie “ubérisée” appliquée au secteur immobilier » et « qu’il favorise la spéculation et la rentabilité au détriment de l’accès au logement pour tous ». Faut-il rappeler que ce modèle répond aussi à un besoin réel pour les jeunes actifs, les étudiants, ou les publics en mobilité professionnelle ? Faut-il vraiment encadrer, voire interdire, avant même de comprendre, d’essayer et même d’essayer de comprendre ?

Comparaison n’est pas raison, certes. Mais tout de même…

À Londres, on construit. À Paris, on soupçonne.

À Londres, on mobilise. À Paris, on régule.

Je compte sur la force de persuasion du gouvernement et de sa ministre du Logement, Valérie Létard, pour construire, avec les parlementaires, de vraies solutions qui s’appuient sur les professionnels plutôt qu’en s’opposant à eux et en les stigmatisants. 

En tout état de cause, à la FPI, nous le répétons inlassablement : le logement est une solution, pas un problème.

Ce combat n’est pas nouveau. Je le mène depuis des années, et je constate, parfois avec amertume, à quel point cette méfiance persistante à l’égard de l’investissement immobilier relève d’une paresse intellectuelle. Croire qu’en bloquant les prix ou en fustigeant les investisseurs, on réglera une crise de l’offre, c’est refuser de regarder la réalité en face.

On n’a jamais soigné une pénurie en restreignant la production.

 

Pascal Boulanger,
Président de la FPI France