Nationale

Editorial du Président

Archéologie préventive : avancer vers le passé, c’est prendre le risque de reculer !

Régulièrement, on nous remonte l’information selon laquelle, des chantiers sont en attente de campagnes de fouilles archéologiques. En effet, des retards importants ont pu être constatés, notamment à l’INRAP, dont les services sont fréquemment requis par les services de l’Etat, avec pour conséquence des chantiers de construction qui ne peuvent démarrer.

Ceci est, éthiquement parlant, perturbant. Il n’est pas question, dans ces propos, de remettre en question le principe même desdites fouilles archéologiques mais bien ses modalités d’exécution.

J’ai le sentiment que nous sommes, en France, en excès dans ce principe. Même si le régime de l’archéologie préventive est davantage encadré par des délais légaux, en pratique, les contraintes de calendrier, de moyens humains et financiers des parties en présence peuvent aboutir à des décalages de chantier, auquel il pourrait être remédié par une meilleure coordination des acteurs. Sinon, nous pourrions avoir le sentiment que notre pays hypothèque son avenir au profit de son passé, ce qui n’est pas acceptable, en raison du manque évident de mises en chantier pour satisfaire les besoins avérés de logements dans notre pays.

J’ajoute que les pays ayant basé leur croissance sur l’histoire du passé ne sont pas forcément des modèles de performance économique (Egypte, Grèce, Italie, Pérou…) Alors de grâce, n’oublions pas que notre activité de promoteur est un véritable levier de croissance, que ce soit par le PIB généré ou les emplois non délocalisables maintenus ou créés, qu’il ne faut pas freiner. Pendant ce temps, en Allemagne, ils exportent, aux Etats-Unis, ils recherchent et en Chine, ils travaillent !

Les vestiges du passé témoignent de notre histoire collective et ce travail de mémoire est nécessaire. Mais notre avenir s’inscrit dans notre capacité à prévoir aujourd’hui les conditions de vie de nos enfants demain. Le toit qui les abritera ne se décrètera pas, il sera le résultat d’un long processus, car l’acte de construire se compte en années, depuis la recherche de foncier jusqu’à la remise des clés.

La volonté affichée par l’Etat de soutenir la relance de la construction durable doit se traduire à chaque étape d’une opération, notamment par la mobilisation de ses services à travers un dialogue avec les opérateurs pour l’accompagner en identifiant et réduisant les risques de ralentissement, pour ne pas entraver le rebond de l’activité post-confinement et résorber le manque de logements.

Pascal Boulanger, Président de la FPI