Après la transition écologique et la révolution digitale, la mutation démocratique ?
Pour comprendre où notre profession sera dans 5 ans, il faut d’abord mesurer l’impact de la transition écologique et de la révolution digitale, mais ça ne suffit pas, car il faut aussi tenir compte du fait que notre activité est totalement conditionnée par des décisions publiques. Or la façon dont ces décisions sont prises va elle aussi connaître de profonds bouleversements.
A cela, une raison très simple : la crise démocratique que nous traversons. Ses symptômes : l’hostilité aux projets qui changent le cadre de vie, la désaffection pour l’idée de croissance et de progrès, le soupçon permanent à l’égard des élus, l’accusation d’impuissance des pouvoirs publics, une confusion entre complexité et opacité etc. La décision publique va mal, les décideurs publics sont hésitants : pour moi, c’est une des explications essentielles de la baisse des permis de construire pour des logements collectifs.
Cette situation me fait dire que nous nous trompons de cible en pointant uniquement la responsabilité des élus locaux, si nous ne sommes pas capables, parallèlement, de comprendre leurs contraintes dans ce contexte si particulier. Nous devons les aider à nous aider.
Pour cela, nous appuyons leurs revendications vis-à-vis de l’Etat, comme dans le cadre de la Commission Rebsamen. Au-delà de ce soutien, une partie de la solution relève aussi de nous : nous avons besoin d’ajuster nos méthodes de travail et nos produits pour faire en sorte que nos projets apparaissent, aux yeux des élus, comme des solutions pour la ville de demain, plus que des problèmes pour la ville d’aujourd’hui…
Si nous produisions des chefs d’œuvre architecturaux d’avant-garde et des démonstrateurs du bâtiment du futur, nous obtiendrions facilement des permis de construire : quel maire ne rêverait pas d’avoir la pyramide du Louvre chez lui ? Mais la vie est ainsi faite que nous produisons du mieux possible dans un faisceau serré de contraintes : à nous d’en tirer le meilleur pour emporter leur conviction.
La promotion immobilière est un métier qui repose sur la confiance dans l’avenir, or notre société doute d’elle-même, et dans le doute, elle préfère s’abstenir, atermoyer, hésiter. Nous devons faire partie de ceux qui redonnent confiance, par des opérations réussies, inspirantes et innovantes.
Qui l’eût cru ? La réponse à la crise démocratique passe aussi par l’immobilier !