Nationale

Editorial du Président

Après la relance, le « reset » ?

La relance de notre économie passe par celle du bâtiment, et en particulier celle de la construction neuve, créatrice d’emplois et de logements dont les français ont plus que jamais besoin.

Si l’on veut espérer sortir le plus vite possible le secteur de la promotion immobilière de la crise économique qui le touche de manière très violente, il y a pour moi deux conditions majeures :

  • donner envie d’acheter un logement neuf à ceux qui le peuvent dès maintenant (c’est le soutien de la demande)
  • avoir des grues dans le paysage en 2021 (c’est le soutien de l’emploi)

Pour ces deux raisons, le bâtiment neuf a besoin d’un plan de relance immédiat et la Fédération des promoteurs immobiliers vient d’achever la rédaction très détaillée de ses propositions.

Pour cela d’ailleurs, je remercie toutes nos instances pour leur participation active à l’élaboration du plan à mes côtés. Mais je suis convaincue que la crise nous invite à davantage qu’une relance et qu’elle réclame une réaction plus profonde, plus massive, plus radicale ; ce que j’appellerais plus audacieusement un « reset » de notre secteur, une réorganisation en profondeur autour des questions clés.

La première question que nous devons nous poser, c’est « plus ou moins de décentralisation ? ».

Question paradoxale, quand tout semble indiquer que les collectivités locales ressortent légitimées de la crise, face à un Etat trop centralisé. Pour autant, les choses ne sont pas si simples : des Etats très décentralisés ont aussi été bien en peine de gérer la crise (Espagne, Italie, USA), beaucoup de nos 35 000 communes ne sont pas à l’échelle pour apporter des réponses, et elles ont été nombreuses à interrompre des services, dont les permis de construire. « L’acte III » de la décentralisation mérite donc un vrai débat.  

La seconde question, c’est « plus ou moins de densité ? ».

Avec Paris en tête, chacun a tendance à penser que « densité = proximité = contagion ». Certes, mais quid dans ce cas de Bordeaux, ville dense mais épargnée, et de Crépy en Valois, ville moyenne durement touchée ? La vérité de New York n’est pas celle de Hong Kong ou de Singapour ! Là aussi, soyons humbles devant la complexité des questions.

Beaucoup d’autres mériteraient d’être posées pour appréhender les effets de la crise Covid sur notre secteur : « plus de surface, ou plus de possibilités de s’isoler ? », « plus d’espaces verts privatifs, ou collectifs ? », « plus de pavillons, ou plus d’immeubles ?» etc.

Toutes ces questions sont légitimes et difficiles.

Il en reste une dernière, fondamentale mais que je trouve trop peu posée : « quelle industrie de la construction pour demain ? ».

La crise a en effet révélé des faiblesses criantes, sous-jacentes dans le débat sur les surcoûts de chantier :

  • une trop grande dépendance vis-à-vis de l’étranger (pour les approvisionnements comme pour la main-d’œuvre),
  • une très faible digitalisation de toute la chaîne, un recours trop faible à la préfabrication – alors même que nous sommes le pays le plus bâtisseur d’Europe (400 000 mises en chantier en 2019), ce qui devrait faire de la France un moteur d’innovation et de rupture.

La comparaison avec le secteur de l’automobile est frappante : en 1970, le prix relatif d’une voiture et d’un appartement était sensiblement ce qu’il est aujourd’hui – une voiture neuve représentant 5 ou 6 m2 d’un logement neuf. Toute la différence est dans le produit : il y a beaucoup plus d’écarts, en termes d’évolution, entre une Renault 12 et une Mégane qu’entre un appartement neuf de 1970 et d’aujourd’hui. 

C’est cet écart-là qu’un « reset » devrait se donner comme objectif de réduire, à coups d’innovation, de digitalisation, de formation etc.

Cet acte 2 de la relance, centré sur l’offre, est nécessaire pour rester tournés vers l’avenir et dégager les perspectives de croissance dont ont besoin notre secteur et notre pays.

La FPI y contribue déjà par ses propositions.