Nationale

Editorial du Président

Apesanteur et pesanteurs

Les chiffres de la construction à fin août, sortis cette semaine, confirment ce que nous disons depuis des mois : le collectif va mal et les permis restent en retrait de 16% par rapport à leur niveau d’avant-crise. Dans le même temps, l’individuel est florissant : en août, il y a eu presque autant de PC délivrés pour des maisons que pour des appartements, ce qui ne s’était pas vu depuis des années ! Bref, nous allons complètement à rebours de la politique environnementale affichée par l’Etat.

Beaucoup de facteurs expliquent cette crise de l’offre, mais je suis tenté de les regrouper en deux catégories :

  • « L’apesanteur », dans laquelle flottent beaucoup de décideurs publics, qui les conduit à formuler des exigences et des objectifs irréalistes et à céder à l’esprit de surenchère. Chartes, normes, réglementations, procédures : leur accumulation rend la production de logements toujours plus longue et plus complexe. A l’arrivée, cela donne moins de volumes. Le paradoxe, c’est que tout cela pèse proportionnellement plus sur le collectif que sur l’individuel, et que c’est la ville de demain qu’on handicape.
  • Les « pesanteurs », qui affectent des territoires où les élus peuvent avoir envie de construire, mais où nous nous heurtons aux lenteurs des processus de décision : révisions de PLUi, restructuration de services, de SEM et d’organismes HLM, désaccords politiques entre communes et intercommunalités, réingénierie des processus d’instruction des PC, révisions de chartes promoteurs etc. Tout prend du temps et les décisions urgentes s’enlisent.

La semaine passée, le président d’une grande métropole française inaugurait le salon de l’immobilier neuf, et son discours illustrait bien cette catégorie des « pesanteurs » : d’un côté, une volonté très claire de « faire », dans une métropole attractive, de l’autre, l’engagement qu’après un an de transition, les choses allaient enfin se mettre en place.

Au fond, les vrais cas de refus de permis de maires malthusiens ne sont pas si nombreux, en tout cas pas majoritaires. Les obstacles à la relance du logement collectif neuf sont très souvent à trouver aussi dans ce mélange d’ambitions territoriales un peu hors d’atteinte, où chacun veut réinventer un paradis vert sans toujours voir ce qui est raisonnablement atteignable, et de pesanteurs administratives et politiques, dans lesquelles nos projets s’enlisent.

Est-ce aux professionnels de patienter ou à nos amis élus d’accélérer ? J’ai mon opinion, je vous laisse vous faire la vôtre !  

Pascal Boulanger

Président FPI France