Nationale

Editorial du Président

Urgences

Un conseil national de la refondation était annoncé pour le 28 mars dernier et de premières propositions concernant la politique du logement devaient y être annoncées.

Le contexte politique en a décidé autrement. Ce rendez-vous a été supprimé de l’agenda du président de la République. Aucune nouvelle date n’a été annoncée.

Ce report n’est peut-être pas une mauvaise nouvelle. En effet, la conjoncture immobilière s’est profondément dégradée depuis le lancement de cette démarche en novembre dernier et nos concitoyens, en particulier les primo-accédants, sont empêchés, pour de multiples raisons (hausse des taux d’intérêts, taux d’usure, critères du Haut conseil de stabilité financière…) de contracter un prêt immobilier.

Prévu pour apporter des réponses structurelles et de long terme, le CNR ne répond plus aux enjeux actuels de continuer à loger les Français.

Il y a dorénavant plusieurs urgences :

Urgence à… agir

Je l’ai déjà dit, il y a urgence à mettre en œuvre, immédiatement et de manière temporaire, des mesures conjoncturelles puissantes.

Urgence à… changer de paradigme

Le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises sa volonté de revoir les modalités de financement de la politique du logement au motif qu’elles n’étaient pas suffisamment efficientes. L’endettement de la France, qui se rapproche dangereusement des 3 000 milliards d’euros, l’impose.

Néanmoins, dans le contexte actuel, le remède serait pire que le mal. Traiter la question du logement sous un angle strictement budgétaire, alors que les ventes se sont effondrées et que nos concitoyens n’ont plus la capacité de se porter acquéreurs de leur logement, aura pour effet d’exacerber encore plus la crise sociale qui se profile.

L’urgence est désormais d’éviter d’accentuer la crise plutôt que de chercher à faire des économies qui s’avèreront contre-productives : moins de logements c’est aussi moins de recettes fiscales pour l’État.

Urgence… à attendre (une fois n’est pas coutume)

Le gouvernement a décidé d’éteindre progressivement le dispositif Pinel au motif, d’après des évaluations menées, toujours à charge, par l’inspection des finances, qu’il coûterait cher aux finances publiques et qu’il serait inefficace.

Certaines déclarations récentes laissent même craindre que l’extinction du dispositif Pinel pourrait intervenir à la fin de l’année 2023 au lieu de 2024.

Une nouvelle évaluation, menée cette fois par la Cour des comptes, est en cours. Les conclusions sont attendues pour la fin de l’année. Il serait judicieux et respectueux pour la Cour des comptes, d’attendre les conclusions de cette évaluation avant de prendre la moindre décision concernant ce dispositif d’aide à l’investissement locatif.

Il est encore temps d’éviter « le krach programmé du logement », justement décrit par l’économiste Nicolas Baverez dans sa chronique dans Le Point de cette semaine.

Mais il y a urgenceS

 

Pascal Boulanger, Président FPI France