Nationale

Editorial du Président

Retour vers le futur

Mercredi dernier est sorti au cinéma un biopic consacré à Henri Grouès, plus connu sous le nom de l’Abbé Pierre.

Ce film « Une vie de combats » relate son parcours de vie particulièrement riche : résistant, député, et surtout défenseur des sans-abris. Son vibrant appel de l’hiver 54 et la création d’Emmaüs en ont fait une personnalité admirée des Français.

Ironie de l’histoire, ce film sort dans les salles alors même que la France s’enfonce inexorablement dans une nouvelle crise du logement.

Longtemps isolés dans nos appels et alertes, en partie car les promoteurs sont très en amont de la chaîne du logement, la FPI n’est plus la seule aujourd’hui à attirer l’attention des pouvoirs publics et à s’exprimer dans les médias.

Tous les acteurs du logement tirent la sonnette d’alarme :

« La chaîne du logement est à l'arrêt, l'immobilier souffre de l'immobilisme du gouvernement !"

Le blocage du marché locatif et la chute du marché neuf ont totalement sclérosé le parcours résidentiel. Même durant la crise de 1991, la situation n’était pas aussi catastrophique.

Lors d’un colloque qui s’est tenu au Conseil d’État mercredi, qui avait pour thème « la norme, frein ou moteur pour le logement [sic] », Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts, a alerté lui aussi le gouvernement sur les besoins en logements, qu’il évalue à 500 000 par an, tout en constatant que ce sujet n’avait pas été traité depuis l’Abbé Pierre.

« Gouverner, c’est loger son peuple » disait l’Abbé Pierre.

En 1954, les familles, principales victimes de la crise du logement, n’avaient d’autre solution que d’habiter dans des bidons-villes (de Nanterre ou d’ailleurs).

En 2023, ce sont les plus vulnérables, et notamment les étudiants et les jeunes actifs qui se voient obligés soit de renoncer à leurs études ou à un emploi, soit d’aller vivre dans des campings.

Près de 70 ans ont passé et le mal-logement est toujours d’actualité. C’est impensable et inacceptable dans la 7ème puissance économique du monde.

En 1954, le gouvernement avait compris qu’il ne pouvait pas sacrifier les familles.

En 2023, nos gouvernants comprendront-ils qu’ils ne peuvent pas, qu’ils ne doivent pas sacrifier la jeune génération. La jeunesse mérite nos combats.

L’Abbé Pierre nous manque.

 

Pascal Boulanger, Président FPI France