Réformer l’État, vraiment ?
Pendant des années, l’État s’est complexifié. À chaque nouvelle priorité, une nouvelle délégation. Paris accueille les Jeux Olympiques ? Qu’à cela ne tienne : créons la DIJOP, délégation interministérielle aux Jeux Olympiques et Paralympiques, chargée de coordonner l’action des différents ministères. N’aurait-il pas été plus simple de désigner un ministère – pourquoi pas celui des Sports – comme pilote unique ? À chaque crise, chaque problème, chaque projet d’envergure, l’État ajoute un comité, une instance, une nouvelle structure.
C’est pourquoi je salue la décision du Premier ministre Sébastien Lecornu de lancer la mission État efficace et de procéder à la suppression immédiate de plusieurs délégations interministérielles. Il était temps d’entamer un grand nettoyage dans un millefeuille administratif devenu illisible, coûteux, et parfois même contre-productif. Il était temps de passer des constats aux actes et de commencer à supprimer des structures superflues.
Mais pour réussir une telle entreprise, il faut aussi une méthode. Et c’est là que le bât blesse.
Confier cette mission à deux hauts fonctionnaires – aussi brillants soient-ils – relève d’un réflexe technocratique bien français. Comme si seuls les anciens de Bercy, de l’Inspection générale ou de la Cour des comptes étaient légitimes pour juger de ce qui fonctionne… alors même qu’ils ne sont que rarement confrontés à la réalité du terrain, la vraie vie comme j’aime la caractériser.
Soyons clairs : les professionnels, les entrepreneurs, les dirigeants d’entreprise savent réduire les coûts, simplifier les procédures, faire mieux avec moins. Nous n’avons pas le choix : c’est une exigence quotidienne, parfois vitale. Ce n’est pas une question théorique, c’est une question de survie.
Alors, pourquoi ne pas nous associer à cette mission ?
J’espère sincèrement que les deux hauts fonctionnaires en charge de cette mission consacreront une part significative de leur temps à écouter les acteurs du terrain, c’est-à-dire ceux du monde privé, ceux qui alimentent le système, pas ceux qui en vivent. Leurs retours sont indispensables.
Bien évidemment ce que dit le monde privé n’est pas parole d’évangile mais il est le contrepoids nécessaire de ceux qui sont le système. Ce monde a aussi un regard légitime : c’est lui qui paye !!!
Notre pays a trop panaché l’économie dirigée et l’économie de marché ; ça ne fonctionne plus.
Rien que dans le secteur du logement, les exemples abondent. Combien de conseils ou de comités ne rendent que des avis purement consultatifs ? Le Conseil national de l’habitat en est la parfaite illustration : une instance réduite à une chambre d’enregistrement, sans véritable impact.
Je lance ici un appel : la FPI est prête à travailler avec la mission État efficace.
Et au-delà, pourquoi ne pas aller plus loin ? Pourquoi ne pas engager un véritable "grand reset" de l’action publique, comme le propose Jérôme Fournel, ancien directeur général des Finances Publiques ? Identifier quelques priorités stratégiques (dont le logement), recentrer les missions, simplifier les normes, supprimer les doublons… et rendre enfin l’État lisible, utile, puissant.
Le logement, lui, est une cause d’intérêt général. Il mérite un État capable d’agir rapidement, avec cohérence, et en confiance avec les acteurs de terrain. Ce n’est pas un rêve inaccessible. Encore faut-il que l’État accepte, enfin, d’écouter ceux qui bâtissent.
Pascal Boulanger, président FPI