Nationale

Editorial du Président

Mortifère pensée unique

Les éléments de langage sont la plaie de notre démocratie. Ils nourrissent la pensée unique, laquelle se substitue à la réflexion, à la confrontation d’idées et finalement au simple bon sens.

Concernant le dispositif Pinel, la même assertion revient régulièrement depuis de longs mois, répétée à l’envi, lors des auditions de ministres, en commissions parlementaires, lors des débats à l’Assemblée nationale ou au Sénat : « Un certain nombre de rapports ont montré combien il est inefficace, car il n’a pas atteint les objectifs qui lui ont été assignés ».

Mais il y a un hic … aucun des détracteurs du Pinel n’a lu les rapports de l’Inspection Générale des Finances (IGF) ou de la Cour des Comptes.

S’ils l’avaient fait, ils auraient noté que l’IGF, dans son rapport publié en novembre 2019, alertait sur le fait qu’une « suppression [du Pinel] entraînerait des perturbations dans la capacité de construction d’une ampleur et d’une durée difficiles à anticiper ». Ils auraient aussi sans doute pu constater l’absence de vacance dans ces logements répondant au fort déficit d’une offre locative abordable dans les territoires en tension.

En outre, l’investisseur Pinel, qui acquiert son logement souvent très tôt dans la vie d’une opération, permet d’enclencher rapidement les travaux et, grâce à la péréquation sur les prix, rend la réalisation de logements sociaux possible. Le Pinel est donc le meilleur ami du logement social

Les apprentis sorciers qui ont bridé le Pinel en créant le Pinel + et qui ont acté la disparition du Pinel fin 2024 porteront une lourde responsabilité dont ils n’ont pas conscience, trop occupés à ânonner des éléments de langage pourtant sujets à caution.

Cet exemple du Pinel est révélateur de la pensée unique qui s’insinue à bas bruit à tous les niveaux de l’État.

Les propos tenus récemment par l’adjointe au secrétaire général à la planification écologique affirmant que le scénario de 100 000 logements neufs produits par an dès 2040 est le seul crédible fait froid dans le dos, alors que tous les acteurs de l’acte de construire mais aussi la Fondation Abbé Pierre ont évalué les besoins entre 450 000 et 520 000 logements.

« Ce n’est pas le doute qui rend fou, c’est la certitude » disait Nietzsche.

Le gouvernement ne connait malheureusement pas le doute et entraîne inéluctablement nos concitoyens vers l’abîme en les privant de la possibilité d’accéder au logement dont ils ont besoin voire dont ils rêvent. 

Je ne puis m’y résigner. L’Alliance pour le logement non plus.

Une réunion de l’Alliance pour le Logement a eu lieu ce lundi. Les dix présidents étaient présents, bien évidemment j’y étais aussi. J’ai senti l’ensemble des participants agacés et prêts à en découdre. Dans les jours à venir le ton va sérieusement monter et les actions à venir seront à la hauteur de notre courroux.

 

Pascal Boulanger

Président de la FPI France