Nationale

Editorial du Président

La réalité finit toujours par s'imposer

Il y a un moment, dans toute crise, où les digues du déni cèdent.

Pas brutalement, mais par petites brèches, discrètes d’abord, puis de plus en plus visibles. Depuis deux ans, nous alertons sur les dangers qui pèsent sur le logement : baisse vertigineuse des permis de construire, effondrement de la demande, recul des investisseurs, disparition progressive de pans entiers de la chaîne de production. Nous avons tout dit. Tout écrit. Et nous avons été trop souvent seuls.

Mais les faits sont têtus, et les chiffres, eux, ne mentent pas. Pertes d’emplois massives en 2023 et 2024, baisse inattendue (pour Bercy, pas pour nous) des recettes de TVA. Le logement neuf est au point mort. Les conséquences ne sont plus théoriques. Elles sont sociales, fiscales, économiques.

Face à cette réalité, les lignes ont bougé.

D’abord du côté des parlementaires, qui, depuis plus d’un an, se saisissent du sujet à travers des propositions de loi pour mieux réguler l’activité du haut conseil à la stabilité financière, sur la simplification ou sur le foncier.

Puis du côté de la ministre du Logement, qui, dès sa nomination en septembre 2024, a donné une méthode : cibler l’accession dans un premier temps — avec un PTZ élargi et une mesure audacieuse sur les donations — puis en lançant le chantier du statut du bailleur privé. Ce chantier n’est pas seulement un outil : il est aussi une manière de faire prendre conscience de la gravité de la situation au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.

Le Premier ministre, à qui j’ai pu exposer nos constats dès le mois d’avril, a lui aussi marqué une inflexion. L’État sait désormais que sans un sursaut, c’est tout un pan de l’économie française qui risque de s’effondrer. Il reste un bastion, le plus résistant : le ministère de l’Économie et des Finances. Mais j’ai une intime conviction : ce bastion commence, lui aussi, à s’ouvrir.

Bercy ne peut pas à la fois suspendre, même temporairement, le dispositif d’aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’ et faire preuve d’un immobilisme délétère au détriment de l’investissement locatif neuf. Ce serait un coup de boutoir fatal contre tout un écosystème, celui du logement et de la construction, qui vacille dangereusement.

Ce n’est pas une faveur que nous demandons, pas un “cadeau fiscal”, comme certains aiment encore le caricaturer. C’est une juste correction : permettre à l’investissement immobilier de rester aussi attractif qu’un placement financier, alors même qu’il coche toutes les cases de l’intérêt général. Pour ne citer que deux exemples, l’IFI, par définition, ne s’applique qu’à l’immobilier et, sauf erreur, les placements financiers ne sont pas soumis à la taxe foncière ...

L’investissement dans le logement neuf, c’est d’abord une source directe de recettes fiscales pour l’État. C’est une protection contre le chômage. Et surtout, c’est la seule réponse durable à la pénurie criante de logements, que toutes les études, toutes les expertises, toutes les urgences sociales mettent en lumière.

Nous avons demandé audience à Éric Lombard. Nous irons l’expliquer à nouveau, comme nous le faisons depuis des mois.

Le ministère de l’Economie et des Finances ne peut plus faire la sourde oreille. Éric Lombard doit agir.

Pascal Boulanger, président FPI